Les travaux du procès du massacre du 28 septembre sont toujours au
point mort. Cette suspension du procès, découlant du retrait des avocats de
certains prévenus à la barre, pour des revendications pécuniaires, est en train
de prendre des allures d’une boursouflure d’égo entre le garde des sceaux et
les frondeurs. Au grand dam des victimes. Chaque camp continue de camper sur sa
position, mettant ainsi à mal la bonne tenue de ce procès qui se veut pourtant
historique.
C’est toujours le statu quo ante
dans l’arrêt des travaux de la cour, chargée de faire la lumière sur le
massacre du 28 septembre 2009. La fronde des avocats, qui réclament
l’amélioration de leurs conditions de travail, est le grain de sable qui s’est
glissé dans la mécanique.
Grippant ainsi la machine
judiciaire depuis une dizaine de jours. Face à ce mouvement d’humeur, le
gouvernement à travers le département de la Justice fait preuve d’une fermeté à
toute épreuve.
En témoignent les sorties
décapantes du ministre Charles Wright sur la question relative à cette grève
des robes noires.
Pour le garde des sceaux, on ne
peut pas demander au gouvernement ‘’ce qui n’est pas de droit’’. En clair, M.
Charles Wright voudrait dire à ses vis-à-vis de se garder de tirer sur la corde
voire de pousser mémé dans les orties.
Dans un élan jusqu'au boutiste,
le tonitruant garde des sceaux, tout en appelant les frondeurs à de meilleurs
sentiments, affirme sans ambages que si les lignes ne bougent pas, c’est la loi
qui s’appliquera.
Ce message sonne comme une grosse
pierre jetée dans le jardin des avocats. Ces derniers, pensant toutefois
disposer d’un coup d’avance sur la partie adverse, n’entendent pas baisser la
garde.
La cour et la partie civile se
trouvent ainsi prises au piège de deux camps à l’égo démesuré.
Ce procès qui se veut historique,
étant le premier du genre dans un pays dont une bonne frange de la population
fut décimée sous la tyrannie de la première république. Sans oublier les
victimes enregistrées sous la deuxième république et les régimes qui se sont
succédé.
Les avocats ne sont certes pas
des philanthropes comme l’a martelé récemment Me Paul Yomba Kourouma, l’un des
as du barreau et meneur de cette fronde. Mais certains observateurs pensent que
de là à torpiller ce procès destiné à situer les responsabilités sur la
tragédie du 28 septembre 2009, il y avait mieux.
Pour sauver ce temple de Thémis,
il serait opportun pour les partenaires au développement de la Guinée, de
mettre la main au portefeuille. Vu que ce tribunal délocalisé de Dixinn officie
sous le sceau des statuts de Rome.
Croisons donc les doigts, afin de
conjurer le mauvais sort qui est en train de s'abattre sur ce procès, tant
réclamé à cor et à cri.