Plus rien, ne passera aux forceps! C’est la grande leçon qui pourrait
être tirée des couacs qui sont celui du Dialogue national inclusif souverain
(DNIS) sorti des laboratoires de la transition tchadienne pour mettre fin à la
…transition tchadienne. C’est un secret de polichinelle qu’à Ndjamena, tout ne
semble pas aller pour le mieux, et cela, depuis le pré-dialogue de Doha, au
Qatar.
Les démons de la discorde
continuent de miner ce dialogue dont les premiers effets positifs sont d’avoir
ramené à la maison, de grands chefs de groupes politico-militaires en exil
depuis des décennies, comme les leaders des Forces de la résistance (UFR),
Timan Erdimi et de l’Union des forces pour la démocratie et le développement
(UFDD), Mahamat Nouri pour ne citer que ceux-ci. Mais les couacs se multiplient
et nombre de participants, et pas des moindres brandissent la menace de sortir
des rangs, si la tête de certains membres du présidium des travaux, dirigé par
Gali Nghoté Gata, ne tombent pas.
Les opposants auront-ils gain de
cause en parvenant à la recomposition du présidium emmené par l’ancien et
éternel opposant à tous les anciens régimes dont celui du Marechal Feu Idriss
Deby Itno? Si tel est le cas, ne mettront-ils pas encore d’autres
revendications sur la table pour assouvir leurs désirs et saper
l’initiative louable du pouvoir de remettre le Tchad sur les voies de la
démocratie? Les différentes parties, pour le bonheur des Tchadiens dont le sang
n’a que trop coulé, doivent passer par la case compromis, sans verser, bien
entendu, dans la compromission. Pour l’instant, on en est en pleine saison des
surenchères. Mais attention à ne pas trop tirer sur la corde…elle risque de se
casser, et pas toujours dans le bon sens!
Petits pas difficiles d’un
dialogue ou dialogue impossible? Le Tchad va-t-il continuer à parler le seul
langage de rapport de force, et de force tout court, auquel les acteurs
politiques et militaires sont habitués le mieux? Or, il y a un temps pour faire
la guerre, un temps pour faire la paix. C’est une loi immuable qui vient
compléter, du reste, ce dicton rarement contredit selon lequel les plus longs
conflits finissent toujours autour de la table de dialogue. En Afrique, on
dirait sous l’arbre à palabre. Mais visiblement, le grand baobab sous lequel le
président de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Itno, réunit ses
compatriotes, ne produit pas assez d’ombre pour les 1400 participants attendus
au palais du 15-Janvier de Ndjamena.
Certains ont donc décidé d’aller
voir ailleurs, mécontents des tournures que prend la lourde machine du Dialogue
national inclusif souverain (DNIS) lancée en grande pompe le samedi 20 août,
mais dont la suite laborieuse, pour ne pas dire chaotique, fait douter les plus
optimistes qui misaient sur cet événement plus que louable, censé sortir le
Tchad de la transition militaire pour lui ouvrir, enfin, les portes du jardin
des fleurs enivrantes des liberté d’expression, des droits de l’homme et de la
démocratie.
Mais ça ne passe pas, du côté de
Ndjamena, malgré l’activisme sans répit des soldats de la médiation comme le
négociateur en chef, le conseiller en charge de la sécurité nationale de l’émir
du Qatar, Mohamed Bin Ahmed Al Mesned, le Mauritanien Moustapha Ould Limam
Chafi, conseiller du président nigérien et le Burkinabè Djibrill Bassolé, entre
autres, ancien patron de la diplomatie burkinabè, facilitateur conjoint des
Nations unies et de l’Union africaine, représentant spécial de l’Organisation
de la coopération islamique (OCI), dans le conflit du Darfour, et l’un des plus
Qatari des Africains de l’ouest. Les pompiers du DNIS ont-ils surestimé leur
force de persuasion indéniable en matière de négociation, oubliant qu’ils sont
sur une terre où le sang qui inonde les rebellions et guerre civile qui ont
marqué tous les pouvoirs qui se sont succédé, est comme de l’eau simple versée
par terre et que les bruits des armes lourdes sont ancrés dans le quotidien des
Tchadiens, tout comme le chant du coq?
En tout cas, au Tchad, le DNIS a
besoin d’une bonne dose de crédibilité pour ramener au palais du 15-Juin, tous
ces ordres professionnels, les églises et missions évangéliques, les partis
politiques d’opposition, des personnalités, etc., qui sont sur le point de
rejoindre, où l’ont déjà fait, «Les Transformateurs» de Succès Masra, la coalition
d’opposants Wakit Tamma et le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad
(FACT) de Mahamat Mahdi Ali, eux qui se sont démarqués, dès les premiers jours
de ce raout socio-politico-militaire auquel ils portent le grief principal de
servir de cadre pour la continuation du règne des Deby.
Quel sort donc pour ce dialogue
pourtant tant attendu par tous les Tchadiens qui en ont, sans doute, marre du
règne sans fin de la violence?