Alseny Sakho, âgé d’une trentaine d’années, a comparu ce lundi 7 juin 2021, au tribunal de Première Instance de Dixinn, au compte des audiences criminelles. Il est poursuivi pour escroquerie, attentat à la pudeur, viol, administration de substances nuisibles à la santé, faux et usage de faux. Cette action judiciaire fait suite à plusieurs plaintes formulées par des femmes qui se disent victimes de ce marabout.
Crâne rasé, masque sur le visage, regard
fuyant, les bras tantôt croisés dans le dos tantôt sur la poitrine, l’accusé
était gaillardement arrêté à la barre, les pieds écartés l’un de l’autre. Il a
attentivement écouté la lecture de l’ordonnance de renvoi sur les chefs
d’accusations qui lui sont reprochés.
Quand son interrogatoire a commencé,
Alseny Sacko a indiqué qu’il est surpris d’être à la barre. Sur la première
infraction, plusieurs femmes soutiennent lui avoir donné de l’argent pour leurs
traitements contre la stérilité. Les montants sont estimés à plusieurs millions
de francs guinéens. Il reconnait avoir reçu de l’argent mais pas à des millions
de francs guinéens, comme le prétendent les plaignantes.
Il lui est reproché d’avoir exposé en
public la nudité de certaines de ses victimes en les soumettant à ses
traitements. D’où les accusations d’attentat à la pudeur. C’est pour pallier tout
risque de diffamation et avoir plus de confiance, s’est-il justifié.
L’autre infraction reprochée à Alseny
Sacko est relative à l’administration de substances nuisibles à la santé et au viol.
Des victimes l’accusent d’avoir introduit des testicules d’animaux, des intestins,
des morceaux de chair dans les organes génitaux des femmes. Elles accusent
également le marabout d’avoir entretenu des relations intimes avec lui. L’accusé
a systématiquement nié ces faits.
Il s’est plutôt présenté comme un
marabout qui lutte contre les empoisonnements, la stérilité, et la facilitation
du mariage.
« Quel produit utilise-t-il pour
ses traitements », a interrogé le procureur ? « J’utilise des
écorces d’arbres et des racines associées au talisman », a-t-il répondu.
Alseny Sakho est également poursuivi faux
et usage de faux car au moment de son arrestation il détenait un badge de
policier.
Les débats vont se poursuivre le 21
juin prochain. La version d’Alseny Sakho devrait être confrontée à celle des
victimes.
Alseny Sakho retourne à la maison
centrale de Conakry où il est détenu depuis le 19 mars 2019.
Sékou Diatéya Camara