Il se tient à partir du vendredi 14 octobre 2022, les assises
nationales sur la conduite de la Transition au Burkina Faso, après le coup
d’Etat du 30 septembre, au cours de laquelle la Charte de la Transition sera
adoptée et le président de cette Transition désigné. Mais en réalité, c’est
plus que des assises, c’est l’avenir du Burkina Faso qui se joue. Car de ces
assises dépendra la suite de l’histoire du pays, du moins de ce qu’il en reste.
De fait, de ce qui ressortira de cette grand-messe, il y a des risques de
manifestations qui ont du reste commencé. C’est dire s’il faut imaginer la
tournure qu’elles pourraient prendre si ceux qui sont dans la rue ne sont pas
satisfaits des conclusions des assises. Il y a donc lieu de tenir compte de la
volonté populaire, surtout dans la désignation de celui qui va diriger la
Transition, car comme le disait l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo,
« le fauteuil présidentiel appartient au peuple ». Mais faut-il faire
plaisir au peuple, même si son choix n’est pas la solution ? Surtout que
certains appellent les militaires qui se sont battus pour leur
« chose » de la garder.
Face à cela, il faut se dire que
s’il y a des personnes compétentes et intègres chez les militaires, il y en a
aussi chez les civils. Tout comme il y a des personnes médiocres chez les
militaires, et aussi chez les civils. C’est dire donc que le profil du
président de la Transition n’est pas déterminé par sa provenance mais par sa
capacité à répondre aux besoins du moment. Parce que, et il faut insister
là-dessus, ce ne sont pas les beaux yeux de celui qui prend le pouvoir qui
plaisent aux Burkinabè. C’est plutôt la situation qui prévaut au moment où ce
dernier vient aux affaires qui pousse à l’accepter, avec comme conséquence que
quand le nouvel homme fort ne se montre pas à la hauteur des attentes, personne
ne bronche en cas de coup d’Etat ou autre chose. Le putsch de Diendéré n’est
pas passé, parce que les Burkinabè avaient estimé que la Transition de 2015 se
déroulait normalement. Celui contre Roch Kaboré est passé parce qu’ils ont
estimé que le pays était dans l’ornière, celui contre Damiba trouve également
le pays au creux de la vague.
Toutefois, il est difficile de
dire que la solution devrait venir du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde
et la Restauration (MPSR), lui qui a pris le pouvoir en janvier sans parvenir à
maintenir ne serait-ce que la cohésion en son propre sein. Mais en même temps,
le pays est en guerre et il faut que le nouveau président soit sur le pied de
guerre et qu’il soit en mesure de recoller les morceaux de l’Armée. Est-ce
qu’un civil peut faire ça ? Rien n’est moins sûr.
Il faut aussi tenir compte du
fait que le problème du Burkina Faso n’est pas que militaire. A notre sens, il
faudra discuter de certaines questions fondamentales qui concernent l’Etat,
dans ses rapports avec ses différentes composantes, ses régions, ses religions,
ses ethnies, les pauvres, la bonne gouvernance…, somme toute, gérer la crise de
l’Etat dont souffre le grand corps malade qu’est le Burkina Faso. Et cela un
civil, un homme neuf, même s’il n’est pas un oiseau rare qu’il soit un de bonne
augure et il pourrait faire l’affaire.
Ce sont des aspects à prendre en
compte, sinon les assises nationales sur la conduite de la Transition risquent
d’être un problème de plus qu’une solution.