On peut dire sans risque de se tromper que le pouvoir de Conakry a désormais beau jeu, suite à l’accord obtenu récemment, à l’arrachée avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), fixant la durée de la transition à 24 mois. Et cerise sur le gâteau, ce chronogramme devra démarrer à partir du 1er janvier 2023, comme le voudrait la junte guinéenne. Ce modus vivendi vient donc conforter le colonel Mamadi Doumbouya et ses ouailles dans le bras de fer qui les oppose à une opposition soupe au lait. Qui, à défaut de baisser la garde, sera tenu de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Nul doute que la conférence des présidents de l’organisation
régionale ne trouvera pas à redire sur le chronogramme de 24 mois, obtenu au
forceps au terme d’un conciliabule entre le CNRD et la commission de la Cédéao.
On s’attend plutôt à un nihil obstat de la part du cénacle des chefs d’État.
Quand on sait que le contexte régional ne se prête guère au hard power
diplomatique.
L’Afrique subsaharienne étant de plus en plus en proie à une
instabilité du fait de la menace djihadiste qui guette la région. Et la
résurgence des coups d'État, qu’on croyait pourtant révolus. Cette donne, la
Cédéao devrait l’intégrer, pour se départir de sa casquette de père fouettard,
au profit de celui du père prodigue.
Maintenant que le casus belli autour de la durée de la transition
a trouvé son épilogue, il est temps pour les parties prenantes au processus de
se retrouver autour de la table de dialogue, pour aplanir les autres pans de
leurs divergences. Car il va falloir pousser les feux, si l’on veut être dans
les clous de ce chronogramme. Un chronogramme suffisamment garni en termes de
contenu, avec les dix étapes clés que la junte qualifie d’inéluctables pour la
bonne réussite de la transition. Même si l’opposition y met un bémol, en
émettant de sérieuses réserves sur le point relatif au recensement général de
la population. Qui selon elle, pourrait être passé par perte et profit. Chose
que la junte n’entend pas de cette oreille.
Avec cet accord qui vient d’être ficelé avec la Cédéao, ce
sont les desideratas du pouvoir de Conakry qui semblent finalement pris en
compte. C’est la situation du fait accompli, à laquelle il va falloir se
résoudre, si l’on veut pousser la junte vers la sortie. Au regard de ce qui
précède, bien d’observateurs pensent que la junte s’en tire plutôt à bon
compte.
Quant à l’aile frondeuse de la classe politique, elle ne
pourra qu’admettre cet accord du bout des lèvres. Tout en restant sur ses
gardes. Car son allié du FNDC, devenu une sorte de "bras armé" de
l’opposition aux autorités de la transition, a déjà craché sur cet accord. A
travers Sékou Koundouno, l’un des meneurs du mouvement, qui dit avoir la tête à
autre chose, que celle de rompre le pain avec le pouvoir de Conakry.
Mamadou Dian Baldé