Faits troublants, problème d’échantillonnage ou technique d’interview,
deux sondages menés par l’ONG Stat view international (SVI), une structure
vieille de 30 ans et reconnue à l’international, et la jeune Association
guinéenne des sciences politiques (AGSP), ont révélé des résultats
contradictoires sur des aspects de la perception de la transition militaire par
les Guinéens.
Première contradiction majeure,
SVI (https://www.statviewinternational.com/) a indiqué dans son sondage que la
côte de popularité du colonel Mamadi Doumbouya a chuté de 86% après le 5
septembre 2021, date de la prise du pouvoir, à 48% au moment du sondage (le
sondage a été publié en avril 2022).
Dans le même sondage, la gestion
du pays (libertés publiques, récupération des biens publics et construction des
infrastructures routières) par le Comité national du rassemblement pour le
développement (CNRD), nom de baptême de la junte, est approuvée par 43% des
Guinéens.
Ce chiffre chute brutalement à
20% quand les questions sont orientées vers l’amélioration des conditions de
vie des populations. A noter que dans le rapport de SVI, 57% des Guinéens ont
estimé que leurs « conditions de vie n’ont pas changé ».
Dans son rapport, SVI a précisé
avoir obtenu un échantillon maître de l’institution nationale des statistiques,
ce qui lui a permis d’organiser son projet qui s’est appuyé sur 1200
répondants, tous âgés de plus de 18 ans, dont 1000 dans les ménages et 200
parmi les acteurs de la transition, répartis sur l’ensemble du territoire
guinéen.
La méthode utilisée est fondée
sur la théorie du changement à travers l’approche CAPI (Computer Assisted
Personnal Interviewing).
L’AGSP (https://agsp-guinee.org)
a pour sa part publié un rapport indiquant que 1906 personnes (dont 913 à
Conakry) ont été approchées par ses sondeurs qui ont travaillé du 15 au 28 mars
2022, selon la « méthode des quotas » (sexe et commune d’habitation).
Selon l’AGSP, plus de 62%
continuent de faire confiance au colonel Mamadi Doumbouya, le chef de la junte
militaire.
« Cette adhésion est beaucoup
plus prégnante au sein des classes populaires (agriculteurs/paysans (73,78%),
personnes inoccupées/inactives (63,07%), les ouvriers (60%) qui ont un soutien
plus massif en comparaison avec les autres couches sociales plus proches des
élites politiques. Cette confiance en la personne de Mamadi Doumbouya déteint
sur la bonne perception que les enquêtés ont vis-à-vis du CNRD, dont le taux de
confiance dépasse les 60% », affirme l’AGSP.
Ces résultats différents ont
conduit WESTAF MINING à interroger un statisticien, spécialiste des questions
des sondages.
« Si dans votre échantillon, vous
avez un problème de pondération, ça pose problème. Si Conakry paraît plus importante
que certaines régions, si vous ne respectez pas la répartition de la
population, les résultats peuvent être affectés », a dit ce statisticien
chevronné à WESTAF MINING
« L’autre aspect est lié à la
manière dont le questionnaire a été élaboré et dont les questions ont été
posées », a souligné notre source.
Selon lui, quand un échantillon
statistique est limité dans sa structure et sa portée, même si à priori, elle
inclut plus de personnes sondées, cela peut biaiser les résultats.
« Ce n’est pas la taille de
l’échantillon qui est importante, mais la qualité par sa répartition équitable
sur la population cible. Tout cela doit être pris en compte pour refléter la
réalité avec une faible marge d’erreurs possibles », conclut notre source.
Source : Westaf Mining