L’image du démiurge, cristallisant les espoirs d’un peuple en déshérence, que s’était forgé le colonel Mamadi Doumbouya, à la faveur du putsch du 5 septembre 2021, est en train de prendre un coup. Si l’on se fie en tout cas au tollé suscité au sein de l’opinion par ces cas de morts et de blessés, enregistrés durant les manifestations du Fndc, qui se sont illustrées par leur caractère violent.
Il serait difficile d’absoudre la junte de toute
responsabilité dans cette répression policière. La levée de boucliers va
au-delà de nos frontières, où ces incidents ont eu une forte résonance.
Provoquant l’indignation d’une part, et une vague de solidarité, d’autre part,
à l’endroit des victimes de ces violences meurtrières. Sans oublier la terreur
qui est en train de s’abattre sur des militants pro-démocratie et autres
responsables politiques. Dont plusieurs d’entre eux, visés par des plaintes de
la justice, ont été interpellés au lendemain de ces échauffourées.
Des incidents qui révulsent d’ailleurs l’OGDH, qui a tenu à
l’exprimer dans une déclaration, condamnant ‘’avec la dernière énergie toutes
les violences enregistrées sous toutes ses formes les 28 et 29 juillet 2022,
suite à l’appel à manifester, lancé par le FNDC. Tout en exigeant dans la
foulée, plus de transparence dans la conduite de la Transition et à la mise en
place d’un cadre de dialogue inclusif conformément à l’esprit de l’article 77
de la Charte de la Transition.’’
Dans le même sillage, le G5 Guinée, un cénacle de pays
partenaires bilatéraux, où se retrouvent les Nations Unies, la Cédéao, l’Union
européenne, les États-Unis et la France, déplore ‘’le recours excessif à la
force et l’utilisation alléguée d’armes létales pour le maintien de l’ordre et
rappelle à toutes les parties l’obligation de protéger les mineurs.’’
Le G5 souligne l’impérieuse nécessité, de créer un cadre de
‘’dialogue inclusif en vue d’une transition participative, apaisée et garante
de la paix sociale.’’ Le tout sous le magistère de la Cédéao, dont le médiateur
désigné en la personne de Thomas Boni YAYI, qui a déjà les mains dans le
cambouis. Il ne reste plus qu’à accélérer la cadence, pour éviter que cette
transition, arrachée de haute lutte, ne parte en vrille.
Un scénario catastrophe qu’il faudrait éviter à tout prix.
Car si l’on s’en tient en tout cas aux lignes de force de la charte déroulée
par le colonel Mamadi Doumbouya, au lendemain de sa prise de pouvoir, le
président de la transition y met l’accent sur la nécessité de changer enfin de
paradigme dans la gouvernance de notre pays. C’est cette profession de foi, qui
doit demeurer comme le tableau de bord de cette transition, en lieu et place
d’un égotisme démesuré. Cela est valable pour toutes les parties prenantes au
processus de transition. A ne pas trop pousser mémé dans les orties. Car la
Guinée, ne pourrait d’un coup de baguette magique, devenir de manière soudaine
l’Helvétie.
Mamadou Dian Baldé