Lorsqu’il justifie la tournée du
président de la transition dans les commune de Matoto,
Matam et Dixinn par un besoin, pour eux, de prendre la température
de la population après avoir posé des actes sur le terrain, le Colonel Amara
Cama – sans le savoir ni peut être le vouloir- vient de trahir une volonté caressée par la
junte depuis sa prise de pouvoir le 5 septembre dernier. Une volonté
manifeste de garder le pouvoir pendant un bon bout de temps ; une volonté décelée par les grands analystes au lendemain
même de la prise du pouvoir par le CNRD, même si aucun responsable de la
transition n’avait encore jusqu’ici
évoqué ouvertement. A présent c’est
chose faite !
Dans un discours teinté d’enthousiasme,
le ministre Secrétaire général à la présidence soutient que, depuis le 5 septembre jusqu’aujourd’hui, des
actes majeurs assez courageux et déterminants, sont en train d’être posés dans
le cadre de la gouvernance et de l’amélioration des conditions de vie des
Guinéens au quotidien. Selon Amara
Camara, cette sortie a permis de montrer
clairement le ressenti positif de ces actes-là : « nous constatons
chaque jour dans chacune de ses actions, ses mesures et ses décisions qu’il
pose sur le terrain ».
Avec cette détermination, à l’en croire, le Colonel Mamadi Doumbouya ira jusqu’au bout : « … en tout cas
jusqu’à ce que les Guinéens soient satisfaits des actions de gouvernance qu’il
est en train de mener ». En filigrane de ce passage précis du discours du
ministre Secrétaire général et porte-parole de la présidence apparait
clairement une question toute formulée. Et elle porte sur le temps qu’il leur faut, selon eux, pour prétendre satisfaire les Guinéens. A
quand la fin de la transition ? Alors que les analystes se perdent en
conjoncture, il convient de mettre en exergue un autre passage de sa déclaration qui donne
idée de la durée de la transition : « sans tomber dans l’émotionnel
ou dans le sensationnel, la gouvernance appelle aussi la redevabilité. Dans ce cadre-là,
toutes les actions seront menées pour que tous ceux qui ont des comptes à
rendre au pays dans le cadre des fonctions ou des missions qu’ils ont
accomplies au pays, qu’ils puissent les rendre ».
Pour la plupart des analystes et
commentateurs, le CNRD prend progressivement le chemin autrefois emprunté par le CNDD du capitaine
Moussa Dadis Camara. Qui, croyant être aimé de tous, avait menacé d’ôter la
tenue pour se présenter à la présidentielle. La suite, on le sait, s’est révélée
tragique. Tout comme le faisait à Dadis le colonel Bo Moussa Keita, Secrétaire
permanant du CNDD à l’époque, le colonel Amara Camara semble être dans une
logique visant à faire miroité aux yeux du colonel Doumbouya un semblant de popularité qui en
réalité n’en est pas une. Et, du coup, lui
monter à la tête l’envie de confisquer le pouvoir.
GMC