Les forces vives attendent le retour des pèlerins pour déterrer la hache de guerre. Cela n’est plus qu’une question de jour. Même si certains observateurs voient ces menaces comme du bluff, arguant que les forces vives seraient plutôt en pleine déconfiture. Avec pour preuve les défections enregistrées récemment au sein de l’ANAD, au profit d’une nouvelle coalition proche de la junte. Il reviendra donc à l’UFDG seule de relever le challenge face à la junte, vu que le RPG-arc-en-ciel, peine à se remettre de la chute de son « champion ». Et quid de l’UFR de Sidya Touré ?
Après moult
atermoiements sur fond de duplicité, les transfuges de l’Alliance nationale
pour l’alternance et la démocratie (ANAD), au nombre de huit, ont fini par
jeter le masque, pour annoncer leur départ du navire, au profit d’une nouvelle
alliance proche de la junte. Cellou Dalein Diallo, bien que pantois face à
cette apostasie de Pépé Francis Haba de l’UGDD et ses collègues, tente de faire
contre mauvaise fortune bon cœur. En conviant le carré des fidèles alliés
restant, à se serrer les coudes, en ces temps de vaches maigres. Au même
moment, le RPG arc-en-ciel, l’autre parti en proie au coup du sort, continue sa
descente aux enfers. Preuve que les forces vives ont l’air d’avoir du plomb
dans l’aile.
A moins
qu’elles nous démontrent le contraire, dans les prochains jours, à travers les
manifestations de rue annoncées dès le retour du dernier convoi des pèlerins.
En attendant
cet autre mano à mano dont on ne peut prédire les couleurs pour le moment,
certains observateurs pensent que l’on est loin de l’équilibre de la terreur
qui prévalait entre la junte et les forces vives, au début de la transition.
Le pouvoir
de Conakry ayant réussi à creuser grandement l’écart entre lui et ses
opposants, lors des dernières confrontations sur le terrain. Du moins pour le
moment.
Cette junte
qui fait apparemment feu de tout bois dans cette épreuve de force, ne
ménagerait aucun effort pour renforcer ses rangs, en faisant recours à des
pratiques pourtant honnies sous le régime défunt.
A savoir le
recours à la politique politicienne, la propagande et le débauchage de
militants dans le vivier des forces vives.
C’est à cet
appât que les transfuges de l’ANAD auraient mordu à pleines dents. Cela
s’appelle simplement aller à la soupe, métaphoriquement parlant.
La bande des
8 dit avoir quitté l’ANAD, dans le but de s’affranchir de la tutelle du leader
de l’UFDG. Sorte de gourou politique, dont l’ombre tutélaire domine largement
l’échiquier politique.
Vu que
Dalein file du mauvais coton avec les autorités de la transition, autant faire
le vide autour de lui, pendant qu’il est temps. Quitte à aller à Canossa.
La cerise
sur le gâteau de cette démission des membres de l’APR a été l’invitation
adressée à Dalein, à prendre part au lancement de leur coalition politique.
Ce qui n'est
ni plus ni moins qu’un pied de nez fait à leur ancien mentor.
Ce dernier a
encaissé le coup, en disant avoir pris acte du départ des transfuges. Dans la même déclaration rendue publique à
cet effet le week-end dernier, Dalein exhorte les 13 autres partis membres de
l’ANAD restants « à resserrer les rangs et à continuer la lutte pour
l’avènement en Guinée d’une société démocratique respectueuse des droits
humains et des libertés fondamentales. »
En attendant
que les forces vives ne se remettent d’aplomb pour tenir la dragée haute à la
junte, la partie s’annonce, pour le moment, perdue. Car en plus de l’ANAD qui
est en train d’être vidée de sa substance pour des desseins inavoués, le
RPG-arc-en-ciel, l’ancien parti au pouvoir peine toujours à remonter la pente.
Preuve que
le tsunami du 5 septembre 2021 fut d’une rare violence. Depuis, le parti se
contente de déclarations périodiques, histoire de marquer sa présence dans le
landerneau. Et quid de l’UFR de Sidya Touré, l’autre formation qui peine à
reprendre des couleurs, depuis l’avènement du CNRD au pouvoir ? Ou la société
civile, notamment le FNDC, dont les ténors seraient en congé sabbatique du côté
des bords de Seine. Afin de recharger les batteries.
Tout ça n’est pas de nature à rassurer sur l’état des forces vives, qui donnent dorénavant l’impression de manquer carrément de ressorts. Pendant que le régime militaire, lui, s’affermit au fil des jours. C’est simplement la démocratie guinéenne qui en prend pour son grade.
Mamadou Dian Baldé