Le retour dans son pays du célèbre Souleymane Bah dit Thian’ghel, après cinq ans d’exil, prouve encore une fois que la justice doit se remettre en cause. Elle ne peut et ne doit pas être sourde aux critiques des citoyens.
Le cas de Thian’ghel prouve encore une fois qu’à chaque fois
que la justice a voulu faire plaisir au politique, le politique l’a désavouée
en fonction de ses intérêts du moment. Et elle doit comprendre que le politique
s’est toujours servie et continue à se servir d’elle en fonction de ses
intérêts du moment.
Le jour où les magistrats comprendront qu’ils ne doivent pas
être des instruments entre les mains d’un régime et que les régimes passent
mais la justice demeure, ils auront fait un grand pas dans la nécessaire prise
au sérieux du sacerdoce qui est le leur. Si le législateur prévoit le délit
d’outrage à magistrat, c’est parce que le magistrat n’est pas et ne doit pas
être n’importe qui et n’importe qui ne doit pas être magistrat. Ce qui veut
dire que le magistrat doit mériter le respect qui lui est dû.
Un magistrat corruptible n’en est pas un ; un magistrat qui
rend des décisions pour faire plaisir ou de peur de ne pas perdre son poste ou
sa fonction n’en est pas un ; un magistrat qui n’a pas peur de violer la loi,
quelles qu’en soient les conséquences, n’en est pas un ; un magistrat qui rend
des décisions basées sur des motivations politiques ou communautaristes n’en
pas un.
En plus, un tel magistrat ne mérite aucun respect et fait la
honte de la magistrature. Un magistrat, à moins d’être païen, ne doit jamais
oublier qu’il rendra compte lors du Dernier Jugement et ce jour seules ses
bonnes actions le sauveront. Qu’il aille mille fois sur les Lieux Saints de
l’Islam ou de la Chrétienté, qu’il aille à la mosquée tous les vendredis où à
l’Église tous les dimanches, cela ne servira à rien, en tout cas ne pourrait
effacer ses mauvaises actions dans l’accomplissement de sa mission.
Maître Mohamed Traoré