Près de deux mois après le coup de force du Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD), la formation du nouveau gouvernement se fait à pas comptés voire à dose homéopathique. A ce jour, seuls huit ministères ont été meublés sur les 24, constituant l’ossature gouvernementale. Une lenteur synonyme sans doute de prudence et de précaution, dont ferait preuve la junte dans le choix des femmes et des hommes devant faire partie de cette aventure exaltante.
Contrairement au CNDD du capitaine Dadis Camara, qui avait
formé son gouvernement, dans la foulée de son aggiornamento, le colonel Mamadi
Doumbouya, lui, n’a pas l’air de vouloir faire dans la précipitation. Il
préfère se hâter lentement. Un adage favori de l’empereur romain Auguste.
Pour le moment, ce modus operandi semble lui réussir, car
tous les actes posés par le président du CNRD rencontrent une adhésion
populaire, y compris la première fournée des nominations du nouveau
gouvernement.
Qui s’est caractérisé par la nomination le 21 octobre
dernier, de 4 membres du gouvernement. Trois responsables de portefeuilles
ministériels et le secrétaire général du gouvernement avec rang de ministre.
Dans cette partie du casting dévoilé, figuraient deux
ministères régaliens, qui ont échu à deux officiers de l’armée à la retraite.
Aboubacar Sidiki Camara et Bachir Diallo, respectivement ministre délégué à la
présidence, chargé de la Défense nationale et ministre de la Sécurité et de la
Protection Civile.
La dame du quatuor, Mme Louopou Lamah, a été portée, elle, à
la tête du ministère de l’Environnement et du Développement Durable.
Un département sectoriel dont la gestion laissait à désirer
sous le régime défunt. Ayant quasiment servi de vache laitière à des ministres
intéressés et rigides.
Ce lundi, tard dans la nuit, une deuxième fournée a été
livrée à la connaissance des Guinéens, qui attendent toujours avec impatience
de connaître tous les visages du gouvernement de transition.
Les impétrants sont au nombre de quatre. Dans ce lot, seul,
Dr Morissanda Kouyaté, qui prend les rênes du ministère des Affaires
étrangères, de la coopération internationale, de l’intégration africaine et des
guinéens de l’étranger, était jusque-là connu du public.
Les autres sont de parfaits inconnus des Guinéens. C’est le
cas de Mme Charlotte Daffé, nommée au poste de ministre des Pêches et de
l’économie maritime.
Ainsi que Julien Yombouno, le nouveau ministre du Travail et
de la Fonction publique.
Sans oublier Mamadou Pathé Diallo, le chef du département de
la Santé.
En attendant que tous les portefeuilles soient meublés, le
CNRD tente tant bien que mal de faire preuve de diligence dans la conduite des
affaires de l’État. De quoi mettre à l’actif du président de la République et
de son Premier ministre.
Un couple exécutif qui semble faire dans l’harmonie, pour ce
qui est de la gestion de la cité selon les principes sacro-saints du respect
des droits humains. Et du respect de la chose publique.
Rien à voir avec les hédonistes qui nous ont gouvernés
jusque-là. Et qui ont fini par être trahis par leur boulimie.
C’est le lieu de reconnaître que le colonel Doumbouya n’a
rien d’un hurluberlu. Toutes ses décisions sont mitonnées avec la dextérité
d’un orfèvre. De quoi renvoyer les sceptiques et autres oiseaux de mauvaise
augure à l’adage selon lequel « tout vient à point à qui sait attendre ».
Mamadou Dian Baldé