La Représentante spéciale des Nations Unies sur la violence sexuelle dans les conflits, Pramila Patten, a demandé mardi que la justice et la lutte contre l’impunité pour les événements du 28 septembre 2009 en Guinée soient au cœur de la transition politique dans ce pays.
Aujourd’hui marque le 12ème
anniversaire du massacre brutal commis à Conakry, la capitale de la Guinée, au
cours duquel au moins 156 personnes ont été tuées ou sont portées disparues et
au moins 109 femmes et jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles,
comme l’a documenté une Commission d’enquête internationale mandatée par le
Secrétaire général de Nations Unies.
A cette occasion, Mme Patten
voudrait rappeler l’engagement formulé par le Comité national pour le
rassemblement et le développement (CNRD) dans sa première déclaration, suite au
coup d’état militaire du 5 septembre 2021, de faire de la justice la boussole
qui guidera chaque citoyen guinéen.
« Avec la conclusion des
consultations nationales visant à déterminer les priorités de la transition et
l’annonce, hier, de l’adoption d’une Charte de la transition, j’exhorte le CNRD
à respecter ses engagements en faveur d’une justice impartiale et indépendante,
y compris en ce qui concerne les événements du 28 septembre 2009 », a déclaré
Pramila Patten dans un communiqué de presse.
Depuis sa création en 2009, le
Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée des violences
sexuelles en période de conflit a activement plaidé pour que la responsabilité
des auteurs soit établie pour ces crimes. En novembre 2011, le Bureau a signé
un Communiqué conjoint avec le gouvernement de Guinée portant sur la lutte
contre l’impunité pour les violences sexuelles.
Appui d’une équipe d’experts des
Nations Unies
Depuis 2012, l’Équipe d’experts
des Nations Unies sur l’État de droit et les violences sexuelles fournit un
appui technique aux autorités nationales pour faire avancer la justice. Ceci a
permis entre autres d’aboutir à la mise en accusation de hauts responsables de
l’armée, dont l’ancien Président Moussa Dadis Camara, et la création, en avril
2018, d’un Comité de pilotage pour superviser les préparatifs des procès.
Cependant, malgré certains
progrès, la Représentante spéciale regrette profondément que, douze ans après
ces atrocités, les procès n’aient pas encore commencé. « Les besoins des
victimes de violences sexuelles et d’autres crimes graves restent insatisfaits.
Les survivantes continuent de demander justice et réparation, et souffrent de
traumatismes physiques et psychologiques, aggravés par la stigmatisation et le
rejet de leurs propres familles et communautés », a-t-elle déclaré.
Selon Mme Patten, la transition
politique en cours offre une occasion unique de placer la justice et l’État de
droit au centre du nouveau chapitre de l’histoire de la Guinée.
« J’appelle tous les acteurs
concernés à placer la lutte contre l’impunité pour les événements du 28
septembre 2009 au cœur de la transition afin de garantir que les procès
puissent se tenir dans les meilleurs délais, que les auteurs soient tenus
responsables et que les victimes reçoivent justice, soutien et réparations. Ce
n’est qu’en assurant la justice et la lutte contre l’impunité que l’État de
droit, l’unité et la cohésion sociale seront renforcés et contribueront à
garantir que les horreurs des événements du 28 septembre 2009 ne se
reproduisent plus jamais », a dit la Représentante spéciale.
« Mon bureau et les Nations Unies
expriment leur solidarité envers les victimes des événements du 28 septembre
2009 et réitérons notre engagement à soutenir les efforts en faveur de la
justice et la lutte contre l’impunité », a-t-elle conclu.