La route a encore tué au Sénégal. Loin d’être un fait nouveau sous le
soleil de Dakar, les accidents de la circulation surviennent régulièrement au
pays de la Teranga avec leurs conséquences souvent dramatiques pour les
familles et la nation. Ainsi, la collision qui a endeuillé le Sénégal dans la
nuit du 7 au 8 janvier est une véritable horreur. La comptabilité macabre
du drame de Kaffrine, localité située à environ 250 km au sud-est de Dakar, est
sans commune mesure dans l’histoire du Sénégal en matière d’accident de la
route: une quarantaine de morts et près de 80 blessés. De l’inédit!
Selon les premiers éléments qui
doivent être étayés par des investigations plus approfondies, la tragédie a été
provoquée par l’éclatement d’un pneu d’un bus qui, dans sa course folle est
allé percuter de front, un autre bus. Face à l’ampleur du drame, le président
Macky Sall a décrété un deuil de trois jours, à partir de ce lundi. Un conseil
interministériel est prévu ce même jour, en vue de renforcer l’armada de la
sécurité routière au Sénégal. Une réunion de plus pour essayer de ramener à
l’ordre ces nombreux conducteurs imprudents et surtout inconscients qui
transforment au quotidien les routes sénégalaises en des cimetières à ciel
ouvert? Il faut le craindre! Et, malheureusement, le fléau n’est pas que
sénégalais!
Souvent, sous la pression du
montant fixe de la recette journalière qu’ils sont contraints de servir au
«patron» et le quota qu’eux-mêmes se réservent pour leur propre poche, les
chauffeurs de véhicules de transport public se transforment en des Ayrton Senna
et Michael Schumacher accomplissant les dépassements les plus fous, le pieds au
plancher. Ces apprentis pilotes de Formule 1, faisant fi de toutes les règles
du code de la route et surtout au mépris de la vie de leurs passagers, n’ont
plus aucune maîtrise de leur véhicule en cas de danger. Pire, ils sont souvent
au volant de véritables cercueils roulants dont le système d’éclairage et de
signalisation, la pneumatique, et le freinage, quand ils ne sont pas purement
et simplement défaillants, sont peu sûrs.
Pourtant, tous ces véhicules qui
roulent sur nos routes, possèdent une visite technique en bonne et due forme et
passent haut la main, les contrôles des forces de l’ordre. Il faut néanmoins
reconnaître parfois la complaisance de quelques brebis galeuses de la police ou
de la gendarmerie qui, moyennant quelques billets de banque subrepticement
glissés entre les documents du véhicule, ferment les yeux sur les fautes de ces
«s’en fout la mort». Gonflés à bloc par des stupéfiants de toutes sortes et
l’alcool, ces chauffards qui se croient protégés contre les accidents et la
mort, à cause d’amulettes attachées au tour des reins et des bras, ne font
aucune attention aux plaintes de certains voyageurs qui, le ventre noué par la
peur, menacent de descendre du véhicule. Des chauffeurs parfois encouragés par
d’autres passagers qui eux mettent toute leur confiance en Dieu!
Fort heureusement, les policiers
et les gendarmes n’étant pas tous atteints par la pratique du «deux cent avec
tes pièces» qui remplaçait l’injonction du «descend avec tes pièces», qui était
à la mode à une certaine époque dans un pays de la sous-région, mettent souvent
un frein à la vitesse sur les routes et pistes africaines. En tout cas, pour
sauver les vies des passagers et réduire le chapelet des accidents qui
s’allonge indéfiniment et indécemment, il urge de sévir avec la dernière
rigueur contre les fous de la route, tout en encourageant la sensibilisation et
des patrons, et des conducteurs, et des passagers, au quotidien.
Chaque mort de plus à cause de la
bêtise humaine sur les routes, sera un mort de trop, que cela soit au Sénégal,
au Mali, en Côte d’Ivoire ou au Burkina!