Procès du 28-Septembre : «Il est temps que Dadis assume ses responsabilités»

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  • 09 janvier 2023 10:58

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En Guinée, le procès du massacre du 28 septembre 2009 a repris ce lundi 9 janvier. Celui qui dirigeait la junte à l'époque, Moussa Dadis Camara, est encore à la barre. Quel bilan faire de ses premières prises de parole ? Sa ligne de défense a-t-elle réussi à convaincre ? Y voit-on d'ores et déjà plus clair sur ceux qui ont donné les ordres ? Interrogée par la RFI, Me Halimatou Camara, l'une des avocates de la partie civile et défenseure des droits de l'homme aborde toutes ces questions. Lisez

A la lumière des audiences précédentes,  Me Halimatou Camara pense que la ligne de défense de Moussa Dadis se résume  au fait qu’il n’était responsable de rien et qu’il n’était au courant de rien de ce qui est arrivé. «  Ce qui est incroyable », s’exclame l’avocat de la partie. Selon elle, le président  de la Guinée au moment du massacre du 28 septembre 2009 a le droit d’avoir la ligne de défense qu’il souhaite  mais, souligne Me Halimatou Camara,   nous nous sommes dans l’optique de démontrer le contraire.

Durant les audiences  passées, Moussa Dadis a rejette la responsabilité du massacre sur son ancien aide de camp et sur son ex-ministre de la défense de l’époque. Pour l’avocate,  il  sera difficile pour le capitaine  de faire prospérer la thèse  qu’il développe actuellement, i parce que les évènements du stade se sont déroulés dans un contexte où il a eu à faire des déclarations dans la soirée même de ces évènements : « quand il dit qu’il n’était au courant de rien, c’est difficile à établir.  Les exactions se sont poursuivies des jours après ; on a continué à piller les quartiers constituant le siège de l’opposition, on s’est attaqué à des blessés, à des femmes violées dans des hôpitaux. Il y a eu des cas de disparitions forcés  durant les jours qui ont suivi les évènements du stade. Cette situation fragilise la thèse de Moussa Dadis Camara ».  

« Pourquoi  Dadis n’a-t-il pas démissionné quand il s’est rendu au constat qu’il n’avait plus les rênes du pouvoir comme il le prétend » s’interroge Me Halimatou. Soulignant que l’homme a continué à dire qu’il était le président de la république et qu’il était d’ailleurs le père de la nation : « C’est un homme qui s’est dit être patriote, qu’il a une certaine probité morale. Il est temps que  Moussa Dadis Camara  assume ses responsabilités. S’il ne les assume pas, la justice, elle, fera son travail ; d’ailleurs elle est en train de faire son travail.

Selon  Me Halimatou Camara, la partie civile va d’abord démontrer le contexte  des évènements du stade : «  nous avions    à l’époque un homme politique qui était certes militaire, mais qui voulait par tous les moyens rester au pouvoir. »

Pour elle,  ‘’ce procès a démontré que nous étions dans un contexte ou l’Etat  ne fonctionnait presque pas, ou la gouvernance était du pilotage à vue, c’était des personnes qui faisaient ce qu’elles voulaient et n’étaient soumis à aucun schéma de gouvernance. Je pense que ce procès, c’est aussi le procès de la société guinéenne, une société qui est restée longtemps en vase clos.

Au finish, l’avocate de la partie civile se demande : «  Comment un état peut être aussi déliquescent pour que des hommes  avec un niveau comme ceux qui sont à la barre, ont pu gouverner ce pays ? Je pense que ce sont des questionnements  que la société guinéenne  elle-même  devrait se poser. »

Gilles M C    

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