Le fait d’avoir clamé devant le grand imam de Kankan, que Nanfo est
libre de prier dans la langue de son choix, est tombé comme un couperet sur la
tête du clergé musulman. Mais les oulémas ont l’air d’avoir repris très vite
leurs esprits, suite à cette onde de choc provoquée par les propos du chef de
département de la Justice.
C’est à leur tour de répliquer à
cet uppercut ministériel. A preuve, ces réactions en chaîne qui se multiplient
au sein du clergé. Ainsi après le coup de colère poussé par les imams de
Kankan, dès le lendemain du passage de Charles Wright dans la province, le
grand imam de la mosquée Fayçal de Conakry, vient à son tour d’en remettre une
louche.
Interpellé sur cette épineuse
question par le journal en ligne africaguinee.com, Elhadj Mamadou Saliou Camara
affirme sans ambages, je cite « le ministre de la Justice n’est pas habilité à
dire à un musulman de faire la prière de l’islam à sa convenance en
contradiction avec les règles de l’islam et de la sunna du prophète Mahomet
(PSL). Non, c’est inadmissible », a tempêté le chef religieux.
Qui promet de tirer tout ça au
clair, à son retour à Conakry avec le garde des sceaux. Scellant ainsi au
passage le sort de Nanfo, qui se voit excommunié.
Ces tirs de barrage de l’imamat
prouvent que Charles Wright n’aura fait qu’ouvrir la boîte de pandores, sur une
question très sensible dans une société à forte domination musulmane. Où les
populations deviennent chatouilleuses sur tout ce qui touche à leur religion.
Certains observateurs pensent
toutefois qu’il ne serait pas juste de blâmer le ministre de la Justice. Pour
avoir refusé de jouer les Ponce Pilate. Ce préfet de la Judée qui s’en était
lavé les mains, en livrant Jésus à la colère des Juifs, qui l’accusaient d’être
un faux prophète et de blasphème.
Charlie, en tant que membre de
l’exécutif n’aura fait que réitérer les principes sacro saints de la laïcité. A
savoir « la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans
les limites du respect de l'ordre public, la séparation des institutions
publiques et des organisations religieuses, et l'égalité de tous devant la loi
quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions. »
De là à dire que le ministre des
droits de l’homme a usé d’un argument d’autorité, susceptible d’apporter de
l’eau au moulin des nanfoïstes, est le reproche critique que les mollahs font
aujourd’hui au garde des sceaux. Au nom d’Allah.
Mamadou Dian Baldé