Affaire Nanfo : Charles Wright contre Ponce Pilate (Éditorial)

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  • 06 février 2023 11:29

  • Politique

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Le fait d’avoir clamé devant le grand imam de Kankan, que Nanfo est libre de prier dans la langue de son choix, est tombé comme un couperet sur la tête du clergé musulman. Mais les oulémas ont l’air d’avoir repris très vite leurs esprits, suite à cette onde de choc provoquée par les propos du chef de département de la Justice.

C’est à leur tour de répliquer à cet uppercut ministériel. A preuve, ces réactions en chaîne qui se multiplient au sein du clergé. Ainsi après le coup de colère poussé par les imams de Kankan, dès le lendemain du passage de Charles Wright dans la province, le grand imam de la mosquée Fayçal de Conakry, vient à son tour d’en remettre une louche.

Interpellé sur cette épineuse question par le journal en ligne africaguinee.com, Elhadj Mamadou Saliou Camara affirme sans ambages, je cite « le ministre de la Justice n’est pas habilité à dire à un musulman de faire la prière de l’islam à sa convenance en contradiction avec les règles de l’islam et de la sunna du prophète Mahomet (PSL). Non, c’est inadmissible », a tempêté le chef religieux.

Qui promet de tirer tout ça au clair, à son retour à Conakry avec le garde des sceaux. Scellant ainsi au passage le sort de Nanfo, qui se voit excommunié.

Ces tirs de barrage de l’imamat prouvent que Charles Wright n’aura fait qu’ouvrir la boîte de pandores, sur une question très sensible dans une société à forte domination musulmane. Où les populations deviennent chatouilleuses sur tout ce qui touche à leur religion.

Certains observateurs pensent toutefois qu’il ne serait pas juste de blâmer le ministre de la Justice. Pour avoir refusé de jouer les Ponce Pilate. Ce préfet de la Judée qui s’en était lavé les mains, en livrant Jésus à la colère des Juifs, qui l’accusaient d’être un faux prophète et de blasphème.

Charlie, en tant que membre de l’exécutif n’aura fait que réitérer les principes sacro saints de la laïcité. A savoir « la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l'ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, et l'égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions. »

De là à dire que le ministre des droits de l’homme a usé d’un argument d’autorité, susceptible d’apporter de l’eau au moulin des nanfoïstes, est le reproche critique que les mollahs font aujourd’hui au garde des sceaux. Au nom d’Allah.

Mamadou Dian Baldé

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