Huit ans de prison ferme ont été requis lundi contre la star de la rumba congolaise Koffi Olomidé, jugé devant la cour d'appel de Versailles, en région parisienne, pour agressions sexuelles et séquestration de quatre de ses anciennes danseuses lors de tournées en France, des accusations dont il s'est vivement défendu.
A 65 ans, le chanteur franco-congolais à la renommée
internationale s'est pour la première fois expliqué en public sur les charges
qui pèsent sur lui, alors qu'il n'avait pas assisté à son premier procès en
2019.
Il avait été condamné en première instance à deux ans de
prison avec sursis pour "atteinte sexuelle" sur l'une des jeunes
femmes, déclarée mineure au moment des faits, et relaxé pour l'essentiel des
autres charges. Le ministère public, qui avait requis sept ans d'emprisonnement
ferme, avait fait appel.
Lundi, l'accusation a demandé de revenir sur le
"naufrage" du premier jugement et de reconnaître coupable cet
"homme puissant", star internationale qui vit désormais en France.
Les quatre plaignantes, assises au premier rang, ont déposé
plainte entre 2007 et 2013, accusant Koffi Olomidé de les avoir enfermées dans
un pavillon gardé près de Paris, lors de ses tournées françaises entre 2002 et
2006, et de les avoir forcées à avoir des relations sexuelles avec lui, de
façon régulière pour certaines.
Depuis, aucune n'est retournée au Congo par "peur"
des conséquences face à une star qu'elles surnommaient avant l'affaire le
"président".
A la barre, Koffi Olomidé - pull clair sous une grande veste
marron - balaie l'accusation de séquestration, assurant qu'elles "allaient
sur les Champs-Elysées" et que parfois "elles demandaient qu'on les
accompagne", alors qu'elles ont affirmé à l'instruction qu'elles étaient
escortées contre leur gré.
« Droit de
regard »
Le chanteur a cependant reconnu qu'il avait un "droit
de regard" sur leurs sorties, plaidant qu'il devait vérifier qu'elles ne
cherchaient pas à rester en France à l'issue de la tournée. Les plaignantes
avaient raconté pendant l'enquête s'être finalement échappées du logement en
juin 2006 avec une corde de drap après avoir endormi les gardes à l'aide de
somnifères.
« C'est du cinéma, ça, Madame », a assuré à la
barre le chanteur, de son nom d'origine Antoine Agbepa Mumba. « Le retour
au Congo était imminent, elles savaient qu'on allait repartir au Congo »,
elles voulaient donc rester en France à tout prix, a-t-il affirmé.
Dans leur récit au juge d'instruction, les quatre jeunes
femmes avaient accusé le chanteur de les faire venir parfois à l'hôtel, parfois
en studio d'enregistrement, pour les forcer à avoir des rapports sexuels avec
lui.
« C'est faux, c'est tout faux », « à aucun
moment je n'étais seul avec ces filles », s'est écrié à la barre M.
Olomidé. « Comment vous pouvez faire l'amour dans un studio ? J’hallucine
! Il y a des ingénieurs du son, il y a des assistants... », a-t-il lancé.
Il a aussi rejeté les accusations de mauvais traitements,
soulignant avoir « des danseuses qui gagnent 600 euros » par tournée.
A la barre, les parties civiles ont déclaré avoir été
forcées à subir des relations sexuelles "plusieurs fois" puis
"trois fois par semaine" pour l'une ou "trois ou quatre fois
dans le mois" pour une autre.
« Je me suis laissé faire, mais je n'avais pas envie »,
a expliqué l'une d'elles, son avocat Me David Desgranges parlant
d'"emprise" du chanteur sur ses troupes.
« Il n'y a absolument aucun élément matériel accréditant
les dires des plaignantes », a estimé dans sa plaidoirie Me Antoine Vey,
avocat du chanteur, plaidant la relaxe.
Le jugement a été mis en délibéré au 13 décembre.
Koffi Olomidé a déjà été condamné, en RDC en 2012, pour
violence, et avait été expulsé du Kenya en 2016 pour avoir donné un coup de
pied à l'une de ses danseuses.
Avec Voice of America