Bilan de la CAN 2022 : ce qu’il faut retenir de cette édition au Cameroun

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  • 07 février 2022 17:27

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La CAN 2022, 33e édition du grand rendez-vous du football africain, s’est terminée dimanche 6 février sur la victoire historique du Sénégal face à l’Egypte (0-0, 4 tirs au but à 2). Avant de refermer cette nouvelle page, retour sur les principaux faits, événements et personnages qui ont marqué ce mois de compétition au Cameroun.

Le Sénégal enfin champion d’Afrique

Finaliste malheureux en 2019, le Sénégal se présentait dans cette CAN 2022 avec le statut de favori. Et il a connu un démarrage poussif avec une seule victoire et un seul but marqué – sur penalty – lors du premier tour. Mais lorsque la phase à élimination directe a commencé, les Lions sont montés en puissance progressivement, sortant successivement le Cap-Vert, la Guinée équatoriale et le Burkina Faso. Et au terme d’une finale accrochée, le Sénégal est venu à bout de l’Égypte, la nation la plus titrée de la compétition (7 sacres). Après tant de déceptions, les Sénégalais peuvent enfin exulter : ils règnent sur le continent.

Le Covid fait tourner les têtes

Le Covid a été évidemment central durantcette CAN, mais entre les restrictions et mesures annoncées, et pas toujours respectées, le bilan de l’impact du Covid sur la compétition est forcément biaisé. Un exemple : lors de la finale Sénégal-Égypte, des centaines de Sénégalais arrivés le jour même à Yaoundé n’ont pas eu à présenter de test négatif. La polémique sur les joueurs camerounais, jamais positifs, a aussi alimenté les débats au point que le président de la Fédération de football camerounaise, Samuel Eto’o a été obligé de réagir. « C’est malsain d’accuser le Cameroun de tricherie en manipulant les tests Covid (…) Il faut comprendre que sous mon mandat, je ne pourrais pas défendre une telle pratique (…) Je préfère perdre que de gagner en trichant » a-t-il lâché

Vincent Aboubakar, buteur déchaîné

Le capitaine du Cameroun a été intenable durant cette CAN, ne restant muet que face à l’Egypte en demi-finale. Vincent Aboubakar a marqué 8 buts, dont trois doublés face au Burkina Faso à deux reprises et face à l’Éthiopie. L’attaquant a fait mieux que le Sud-Africain Benny McCarthy et l’Égyptien Hossam Hassan, qui avaient marqué 7 buts lors de la CAN 1998. Aboubakar est le deuxième meilleur buteur de l’histoire sur une seule et même CAN après le Congolais Ndaye Mulamba et ses 9 buts en 1974. Il égale l’Ivoirien Laurent Pokou, auteur de 8 buts lors de la CAN 1970.

Sadio Mané au top

Il était attendu comme le leader d’un Sénégal candidat au titre. Et il a assumé son rôle, surtout lorsque la phase à élimination directe a commencé. Joueur accompli avec Liverpool, Sadio Mané touche désormais les étoiles avec la sélection nationale. Auteur de trois buts et de deux passes décisives, l’attaquant a failli être le héros malheureux de la finale avec ce penalty manqué d’entrée de jeu. Mais l’histoire a basculé de son côté. Le n°10 a maintenu le danger sur la défense des Pharaons pendant 120 minutes, et il ne s’est pas défilé au moment de frapper le 5e tir au but décisif, celui qui a sacré le Sénégal. Sadio Mané s’est ensuite vite décerné le titre de meilleur joueur de cette CAN.

Le bide algérien

L’énorme sensation de la CAN 2022 a été sans nul doute l’élimination de l’Algérie, tenante du titre, dès le premier tour. Une énorme désillusion pour les Fennecs qui visaient un deuxième trophée consécutif et qui étaient arrivés dans cette Coupe d’Afrique avec une série de 34 matches sans défaite. Trois rencontres après, les hommes de Djamel Belmadi repartaient de Douala sans victoire avec un match nul face à la Sierre Leone (0-0) et deux défaites devant la Guinée équatoriale (0-1) et la Côte d’Ivoire (3-1). Et surtout avec un jeu et un engagement indignes des champions d’Afrique qu’ils furent en 2019 en Égypte.

Le drame d’Olembé

Ce devait être un simple match des huitièmes de finale entre le Cameroun et les Comores, lundi 24 janvier dans le nouveau stade d’Olembé. La fête a viré à la tragédie quand, une heure avant le coup d’envoi, l’ouverture imprudente d’une porte à l’entrée Sud a conduit à un engorgement de spectateurs et à une bousculade meurtrière. Huit personnes ont perdu la vie, dont un enfant de 6 ans. De nouvelles mesures de sécurité ont été prises après ce drame, et aucun autre incident n’a été déploré ensuite. Mais cette CAN 2022 restera marquée par cet événement tragique.

Polémique sur les stades

Cela a commencé par un débat sur la qualité de la pelouse du stade Japoma de Douala après la défaite de l’Algérie face à la Guinée équatoriale (0-1). Cela a fini par une délocalisation d’un quart de finale et d’une demi-finale à Yaoundé. Le tout sans une explication claire de la CAF qui a transféré les matches de Japoma à Ahidjo, après le drame d'Olembé. Au mépris de toute une petite économie qui avait misé sur la CAN et au grand dam des populations de Douala qui ont vécu des affiches parmi les plus belles de la CAN comme Côte d’Ivoire-Algérie, Égypte-Côte d’Ivoire ou encore Cameroun-Gambie.

La sensation comorienne

Les Comores n’oublieront pas leur première participation à la Coupe d’Afrique des nations. Placés dans le groupe C avec le Maroc, le Ghana et le Gabon, les Cœlacanthes étaient loin de partir favoris. Les défaites face aux Panthères et face aux Lions de l’Atlas avaient compromis leurs chances de survivre au premier tour. Mais les Comoriens ont réussi l’exploit de scalper les Black Stars ghanéennes et d’arracher une place parmi les meilleurs troisièmes. Puis, en huitième de finale, le Covid-19 a privé la sélection comorienne de gardiens de but : c’est donc Chaker Alhadur, habituel défenseur, qui s’est installé dans la cage. Les Comores ont joué avec beaucoup de cœur et de courage face au pays organisateur et n’ont perdu que 2-1. Les Comoriens ont gagné le respect dans cette CAN. Et au pays, ils ont été célébrés en héros.

La révélation gambienne

Pour leur première participation à la CAN, les Scorpions gambiens ont fait forte impression avec un parcours qui s’est arrêté en quarts de finale devant le Cameroun (0-2). Avant, cette équipe, modelée par le « druide » Tom Saintfiet, a surpris son monde en s’imposant face à la Mauritanie (1-0), la Tunisie et la Guinée (en huitièmes). Fraîche, légère, à l’image de son sélectionneur, la Gambie emmenée, par son buteur Musa Barrow, son gaucher Ablie Jallow et son capitaine Pa Modou Jagne, est la révélation de cette CAN 2022. Un gros exploit pour une équipe, restée sans victoire de 2013 à 2018, et 150e au classement Fifa, à l’aube de cette compétition. Chapeau !

Mukansanga, une Rwandaise au sifflet

Elle restera à jamais la première. L’arbitre rwandaise Salima Rhadia Mukansanga a été la première femme à arbitrer un match de Coupe d'Afrique des nations (CAN) lors de Guinée-Zimbabwe (2-1) lors de la troisième journée du groupe B. C’était la première fois même qu'une équipe entièrement féminine arbitrait un match de la CAN. Celle qui a pratiqué le basket « espère que beaucoup de filles et de femmes vont profiter de ce moment pour venir vivre leur passion. » La suite au prochain Mondial ?

Le malaise de Janny Sikawze

Le 12 janvier, la Tunisie et le Mali (groupe F) entraient dans cette CAN en milieu d’après-midi, sous le soleil de Limbé. Alors que les Aigles menaient 1-0, la rencontre a pris une tournure inattendue : Janny Sikawze, l’arbitre, a sifflé la fin du match à la 85e minute. Face aux protestations, le Zambien a relancé les débats, avant d’y mettre un terme à nouveau, et cette fois définitivement, quelques instants après, alors qu’il restait du temps de jeu. La colère des Tunisiens n’y a rien changé, le résultat a été entériné. Janny Sikawze a expliqué plus tard dans les colonnes de L’Équipe avoir été victime d’un coup de chaud très grave sur la pelouse : « À 5 minutes près, je pouvais tomber dans le coma, m’ont-ils dit à l’hôpital. J’aurais pu rentrer dans un cercueil. »

Kamou Malo, guide local

L’éternel débat entre les coaches africains et européens s’est encore invité à la CAN 2022 et le sélectionneur du Burkina Faso Kamou Malo a porté haut la parole des premiers. Pur produit local, le technicien n’a entrainé que dans son pays d’où la fierté d’avoir conduit son le Burkina en demi-finales après avoir raté l’édition précédente. « La capacité n’est pas l’apanage de l’Europe. Si on a la confiance de nos autorités, on peut soulever des montagnes », a-t-il lâché à la veille de la demi-finale contre le Sénégal. Il aura été le guide d’une équipe burkinabè au beau parcours malgré les remous politique à Ouagadougou.

RFI

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