Les victoires ont ceci de particulier, qu’elles laissent parfois des arrière-goûts amers. On en veut pour preuve ce bruit de porcelaine cassée qui agite les esprits au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), dont l’avenir est désormais en pointillé. A moins que ce mouvement qui s’est illustré comme porte-étendard contre le projet de troisième mandat du président déchu, ne réussisse sa mue, dans un contexte en pleine évolution. L'heure est venue en tout cas pour Sanoh et Cie de se réinventer, pour ne pas finir en carambouille.
Le Front national pour la défense de la constitution (FNDC)
a un nouveau coordinateur depuis le 03 février. En effet, Abdourahmane Sanoh qui
s’est illustré en véritable chef de guerre, à la tête de ce mouvement qui a
ferraillé contre le fameux projet de troisième mandat d’Alpha Condé, trouve
qu’il est temps de passer le flambeau. Et c’est à Oumar Sylla alias Oumar
Sylla, l’un de ses fidèles lieutenants qu’il a laissé la main, à l’occasion
d’une cérémonie solennelle.
Dans son discours d’adieu, le coordinateur sortant a rendu
hommage à ses collaborateurs qui, à l’en croire, n’ont ménagé ni leurs efforts
ni leurs énergies dans le combat contre le tripatouillage constitutionnel.
C’est visiblement en homme comblé que Sanoh quitte ses
fonctions, après avoir assisté à la chute du président Condé. Cet homme qui,
bien que n’étant pas le perdreau de l’année, est resté sourd à toutes les
objurgations. Aussi bien celles émanant des religieux, que celles des forces
vives de la nation.
Cet entêtement, Alpha a fini par le payer, en faisant les
frais du coup d'État perpétré le 05 septembre. Putsch que le leader du FNDC
qualifie d’ailleurs, et à juste raison, « de parachèvement du combat du peuple
» contre la présidence à vie. Voire du bien sur le mal.
Maintenant que les jeux sont faits, les contempteurs du
Front se demandent pourquoi ne pas fermer complètement boutique. Mais les
membres du mouvement objectent que la mission du FNDC est d’assurer une sorte
de veille démocratique. Et que le Front a encore bon pied et bon œil pour
résister à toutes les vicissitudes.
Ce jeu de chaises musicales intervient toutefois à une
période où le mouvement est en pleine turbulence. Avec une levée de boucliers
de certaines coordinations régionales contre le directoire du FNDC, qu’elles
accusent de gestion opaque.
Le départ de Sanoh n’aura fait qu’empirer voire en rajouter
à ce psychodrame. Les frondeurs, sans remettre en cause son remplacement par
Foniké, réclament cependant un bilan de sa gestion. Le Front qui a résisté à
plusieurs tempêtes, sous l’ancien régime, va-t-il de nouveau échapper au
naufrage ?
La question vaut tout son pesant. Mais faudrait-il que les
différentes entités du mouvement arrivent à laver le linge sale en famille. Au
risque de jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est du moins tout le mal que nous
souhaitons à ces militants pro démocratie, dont l’apport dans la lutte contre
le troisième mandat a été capital.
Mamadou Dian Baldé