Que la comptabilité macabre soit de la
«soixantaine» de morts évoquée par le procureur du Faso dans son communiqué
publié sur Wakat Séra le 23 avril ou qu’elle tourne autour de la «centaine» de
tués évoquée par des ressortissants du village martyr dans une déclaration
également diffusée dans nos colonnes ce mardi, ce qu’il est désormais convenu
de qualifier de «drame de Karma» ou du «jeudi noir du Yatenga», est simplement
inquiétant à plus d’un titre. Des femmes, dont certaines, bébé au dos, des
enfants, des personnes âgées, ont été froidement exécutés par des hommes armés.
Pire, les «tueurs froids» avaient pour accoutrement la tenue militaire de notre
armée nationale! Désormais, les populations civiles harcelées par des «hommes
armés non identifiés» auront même peur de nos vaillants soldats et Volontaires
pour la défense de la patrie (VDP)!
C’est
pourquoi, plus que jamais, les investigations annoncées par le procureur du
Faso, l’enquête «complète et indépendante» demandée par l’ONU et «toute la
lumière autour de cette affaire» exigée par les ressortissants du village de
Karma, doivent aboutir. Non seulement pour l’honneur de ceux qui veillent sur
notre «nez» mais aussi pour restaurer la confiance entre les populations
civiles et leur armée. Surtout que ce n’est pas la première fois que ceux qui
nous gouvernent ont relevé cette ruse de terroristes qui se déguisent en
militaires pour accomplir leur sale besogne.
Tout, même l’impossible, doit être fait pour élucider cette «affaire» et
rendre justice à tous nos compatriotes qui ont été abattus comme des mouches,
en plein jour! Rien ne doit être laissé au hasard, et aucune piste ne doit être
négligée, pour faire éclater la vérité et donner, en tout cas si elle est
innocentée et débarrassée de tout soupçon, de l’adrénaline supplémentaire à
l’armée burkinabè pour venger les populations civiles massacrées à Karma, et
ailleurs sur le territoire national.
En
attendant, le flou opaque autour de la tuerie de Karma fait bien le jeu des
terroristes dont les populations sont même soupçonnées, à en croire les
témoignages de rescapés, d’être des complices des assaillants. La montée en
puissance de l’armée ne doit pas se faire au détriment des populations civiles,
qui, désormais bien sensibilisées et ayant à leur disposition des outils
adéquats de dénonciation des forces du mal, sont conscientes, que le Burkina
Faso est en guerre. Elles savent, d’ailleurs, mieux que quiconque, que cette
guerre ne peut être gagnée qu’avec beaucoup de lucidité, l’ennemi étant
toujours prêt à tirer profit de toutes les moindres erreurs, précipitations et
autres imperfections. Pourvu que la détermination du procureur du Faso à voir
clair dans le drame de Karma, associée à l’engagement des autorités de la
transition à assurer le retour de la paix au Burkina, contribuent à faire
jaillir la vérité, pas que pour punir les auteurs de cette tuerie d’ampleur
XXL, mais surtout pour permettre aux familles de faire dignement le deuil des
leurs.
En
tout cas, on ne saurait, en face de cette tuerie sauvage, appliquer au village
de Karma, cette définition que le dictionnaire donne du «karma», l’expliquant
comme un «Dogme central de l’hindouisme, du bouddhisme, selon lequel la
destinée d’un être vivant et conscient est déterminée par la totalité de ses
actions passées, de ses vies antérieures.»
Du
coup, les questions qui taraudent sans cesse les esprits, reviennent,
inexorablement: qui donc a tué les populations civiles de Karma? Et pourquoi?
WS