Alea jacta est! «Le 9 janvier, on donnera le coup d’envoi», a déclaré
le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe,
à l’issue d’une rencontre avec les autorités camerounaises, le 21 décembre
2021. Cette annonce met fin au débat qui faisait rage quant au report ou
l’annulation pure et simple de la Grand-messe du football africain. En effet,
programmée du 9 janvier au 6 février 2022, l’organisation du tournoi continental
a été mise sous pression par la Fifa, et l’Association des Clubs européens
(ECA).
Au-delà de la menace réelle de la
Covid-19 avec son nouveau variant Omicron, si la tenue de cette CAN est
effective, elle sonnera comme une volonté affichée de l’Afrique de se départir
de la «férule humiliante» de l’Europe.
Sinon comment comprendre que la
Copa America ait pu se tenir en juillet dernier, en pleine pandémie de la
Covid-19 dans l’un des pays les plus touchés de la planète? Et que dire des
Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en juillet-août dernier? On n’oublie pas
récemment à Doha, la Coupe Arabe de la Fifa ou Coupe arabe des nations qui a eu
lieu du 30 novembre au 18 décembre 2021 et même que les différents championnats
se jouent sans que l’ECA ne crie «au Covid-19». Aucun championnat n’a été
suspendu, à ce jour, pour une raison ou une autre. Pourquoi l’Afrique devrait
être à la remorque et priver ses populations de la fête, pour des fallaces?
La «rapacité venue de loin», des
autres continents ne doit pas avoir raison de l’Afrique. Oui, la «cynique
malice» mise à nue, les dirigeants africains doivent cesser d’être le nègre de
maison qui accourt au claquement du doigt du maitre. Parce que l’on le sait,
l’intérêt d’un report ou d’une annulation de la CAN 2021 est du côté des clubs
européens qui voudraient avoir pleinement leurs joueurs pour leurs matchs de
championnat.
Les joueurs qui évoluent en
Allemagne et France, par exemple, manqueront un ou deux matches, mais ceux qui
sont en Angleterre manqueront au-delà de trois ou quatre matches. Un club comme
Liverpool a besoin de ses joueurs pour rattraper son retard sur Manchester
City, alors qu’avec la CAN, le club du Nord-Ouest de l’Angleterre sera amputé
de joueurs clé comme Nabi Keita, solution de rechange suite à la blessure du
milieu défensif Fabinho, sans oublier Sadio Mané (18 matches- 7 buts) et
Mohamed Salah (18 matches- 15 buts), ces talents qui totalisent, à eux deux, 22
des 50 buts marqués par Liverpool en 18 matches, et qui représentent le mieux l’Afrique en ce
moment. C’est donc davantage l’analyse que font les clubs européens aidés par
la FIFA de Gianni Infantino, qui semblent n’avoir rien à fiche du plaisir des
Africains de voir leurs stars pendant la CAN.
A l’évidence, l’intérêt de la
FIFA n’est pas celui de l’Afrique sur cette question. Aux Africains de savoir,
du 9 janvier au 6 février 2022, célébrer bien plus que le football, leur désir
de voir le continent avancer, non pas sur le plan de talent, elle en a à
revendre, mais sur celui du regard qu’ils laissent les autres poser sur eux.
Bien entendu, il n’est pas question de couper avec le reste du monde, elle ne
tiendra pas, mais il s’agit d’avoir un «Moi» moins poreux.
L’Afrique et son football
méritent plus d’égard des autres, il est vrai, mais il appartient aux Africains
d’aller chercher ce respect où il se trouve, en commençant par être moins
dépendants des autres sur le plan, entre autres, financier. En attendant, plus
rien ne doit empêcher la bande à Bertrand Traoré des Etalons du Burkina Faso,
en match d’ouverture le 9 janvier, de laver l’affront du 7 février 1998, à
Ouagadougou, suite à l’unique but inscrit par Alphonse Tchami, en match
d’ouverture de la CAN 98, qui avait opposé les Etalons et les Lions
indomptables. En tous les cas, laissez-nous jouer notre ballon! Oui, l’Afrique
tient à ce coup de sifflet contre la « férule humiliante » qui aura bel et bien
lieu le 9 janvier à venir.
Wakat Séra