Cédéao ou l’art de voir tout de travers (l’Edito de Mamadou Dian Baldé)

blog-details
  • redaction.web@fimguinee.com

  • 09 novembre 2021 17:03

  • Politique

  • 0

Tous les yeux étaient rivés sur le sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui s’est déroulé dimanche dernier à Accra au Ghana, en vue de savoir à quelle sauce la Guinée allait être mangée. Et c’est sans grande surprise, que fidèles à sa ligne directrice, le gotha des chefs d’État, a mis sa grand-messe à profit pour accentuer la pression diplomatique sur notre pays.

Par le biais des sanctions, allant de la suspension de la Guinée de toutes les instances de la Cédéao, à l’interdiction des voyages et le gel des avoirs financiers des membres du CNRD et de leurs familles, ce, jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel. Comme il fallait s’y attendre, ce coup de menton diplomatique de l’organisation sous régionale a créé un élan de commisération au sein de l’opinion à l’endroit du CNRD.

Une opinion publique qui ne peut plus voir en peinture cette institution, considérée comme un syndicat des chefs d’État.    

A l’issue de son dernier sommet extraordinaire tenu récemment à Accra, le cénacle des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’y est pas allé de main morte contre la junte guinéenne.

En réitérant ses sanctions prises au lendemain du putsch qui a évincé Alpha Condé du pouvoir le 05 septembre, Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Alassane OUATTARA et leurs pairs de la sous-région ne comptent nullement donner du répit aux nouvelles autorités de transition.

Et c’est sans sourciller que la Conférence a, dans ses conclusions, réaffirmé son exigence pour la libération immédiate et sans condition du Président Alpha Condé.

A cette exigence, elle a greffé, de but en blanc, le maintien de « la suspension de la Guinée de toutes les instances de la CEDEAO, outre l’interdiction des voyages et le gel des avoirs financiers des membres du CNRD et de leurs familles, jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel. »

Les Chefs d’État qui entendent toutefois manier la carotte et le bâton, en maintenant le pont avec Conakry, ont saisi l’opportunité pour nommer le Dr Mohamed Ibn Chambas Envoyé spécial en Guinée, dans « le but, selon eux, de renforcer le dialogue avec les Autorités de la Transition et de favoriser la réussite d’un processus de transition dans les plus brefs délais. »

Le choix porté sur Chambas pour trouver une issue à cette crise est cependant diversement interprété. Certains observateurs ne manquent d’ailleurs pas de le qualifier de pêcheur en eau trouble voire de diplomate d’opérette.

L’ancien représentant spécial en Afrique de l’Ouest du Secrétaire général des Nations Unies, a laissé, en effet, un souvenir amer aux acteurs sociopolitiques, durant sa gestion des différentes crises électorales guinéennes. Surtout que ces multiples pérégrinations en Guinée n’avaient pas empêché le passage en force du président Alpha Condé pour un troisième mandat.

Le voir donc revenir sous une nouvelle tunique de missi dominici, dans le but d’aider la Guinée à réussir sa transition, peut donner lieu à des appréhensions. Bien que la donne ait changé, avec la déchéance d’Alpha Condé.

A noter que le Sommet d’Accra n’avait pas occulté les derniers développements intervenus en Guinée, portant notamment sur « l’adoption de la Charte de la Transition, la nomination d’un Premier Ministre civil et la formation du Gouvernement de Transition. »

Elle a pour finir, « encouragé les Autorités de la Transition à soumettre rapidement un chronogramme détaillé d’activités à entreprendre dans le cadre de la transition, en vue d’assurer la tenue d’élections, conformément aux décisions issues du Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, tenu le 16 septembre 2021. »

Avec ces délibérations, l’organisation donne l’impression de voir tout de travers.

En tout état de cause, contraindre la junte à aller aux élections au pas de charge, au terme d’une transition de six mois, n’est pas vue d’un bon œil au sein du landerneau.

Même les acteurs politiques craignent que cela ne nous mène entre la poire et le fromage. Un remake du scénario du CNDD.

Mamadou Dian Baldé

 

Laisser un commentaire