La cession du Port Autonome de Conakry à des entreprises étrangères,
sur la base de projets chimériques, n’a toujours pas produit l’effet escompté.
Comme si le gouvernement du professeur Alpha Condé n’avait fait que brasser
l’air aux Guinéens, histoire de les enfariner. Pour ce qui serait en réalité que des « clauses abusives ».
Et au final, c’est le contribuable qui trinque. Quand on sait que dans la
concession passée avec l’opérateur turc
Albayrak, celui-ci feint d’ignorer jusqu’à l’existence des textes réglementaires
qui régissent les différentes activités exercées au terminal conventionnel. En s’arrogeant le droit, en lieu et place de la partie guinéenne,
d’exercer la mission d’autorité portuaire et d’auditer ses propres comptes.
Tout ça a bien l’air d’une OPA hostile.
Notre dossier d’enquête.
D’abord Le Port de Conakry aura
bientôt 126 ans d’existence. Il a été érigé
en Société Nationale par l’Ordonnance n°010 du 17 février 1988. Ce qui induit
que tout changement de statut doit obéir au vote d’une Loi pour confier la
gestion à une société étrangère. Cette disposition est aussi
renforcée par la Loi L075 du 30 décembre 2016 portant gouvernance Financière
des Sociétés et Établissements Publics en République de Guinée.
En réalité, le PAC a pour mission principale
la gestion du domaine immobilier portuaire qui lui est affecté, l’étude et la
réalisation des travaux d’équipements, d’extension, d’amélioration, de
renouvellement et de reconstruction du port et de ses dépendances ainsi que la
création et l’aménagement de Zones industrielles portuaires.
Il faut signaler que les états
financiers transmis pour l’exercice 2018 ne sont pas certifiés. Antérieurement,
en 2016, le commissaire aux comptes avait refusé de certifier les comptes de
l’exercice en question. Le PAC est l’une des sociétés qui devrait verser des
dividendes à l’État, après plusieurs années d’exonération.
Au titre de l’exercice 2018, le
PAC a réalisé un chiffre d’affaires de GNF 419,87 milliards contre 358,23 milliards GNF en 2017 soit une hausse
de 17,20%. Cette hausse est la conséquence de l’amélioration des travaux et
services vendus à hauteur de GNF 414,18 milliards.
Compte tenu de sa mission de
service public, le PAC a bénéficié d’une subvention d’investissement de GNF
1,36 milliards en 2018 relativement faible par rapport à celui de 2017, qui
était de 1,59 milliards GNF en 2017 soit un niveau de réduction de -14,46%.
Près de 90 milliards GNF de dettes en 2018
Les dettes fiscales et sociales
du PAC ont connu une accumulation considérable de 113,82%, de 38,70 milliards GNF en 2017. Elles ont atteint
82,75 milliards GNF en 2018, ce qui
constitue un élément très inquiétant pour la stabilité sociale de cette
société. En définitive, le résultat net de l’exercice est largement positif de 124,04
milliards GNF en 2018 contre 40,45
milliards GNF en 2017 soit une hausse de 206,65%.
Les Impôts et taxes dus à l’État
se chiffrent aujourd’hui à 4,71
milliards dont les principaux sont les impôts et taxes directs de GNF 4,25
milliards, les pénalités et amendes fiscales de GNF 392,98 millions.
Le PAC n’exprime pas un besoin
d’exploitation de court terme à financer et pourtant elle présente un fonds de
roulement très élevé, de GNF 230,05 milliards. Ce qui constitue un élément
important pour des gros investissements ou pour alimenter la trésorerie de
l’entreprise pour un éventuel financement de son besoin d’exploitation, ou
encore le remboursement éventuel de ses différentes dettes. Elle représente un niveau de
solvabilité à court terme très faible pour son exploitation. Elle possède une indépendance
financière acceptable, car ses dettes financières pèsent moins dans les
capitaux permanents de la société. Enfin, le PAC présente une
situation de gestion financière encourageante sur la base des ratios qu’il a exprimés.
De la concession passée avec le Turc Albayrak
Le 10 août 2018, sous la
présidence du Ministre d’État, Ministre des Transports, Aboubacar Sylla, le
contrat de concession pour la réhabilitation, l’extension, la gestion,
l’exploitation et l’entretien du Port Autonome de Conakry, a été signé par la
Directrice Générale du PAC Madame Touré Hawa Kéïta et le Président du Conseil
d’administration de la société Albayrak Tirzm Seyahat Insaat Ticar et SA.
Pour les fins de cette signature, des
responsables du PAC dénonce que Albayrak n’a jamais présenté aux techniciens du
PAC ses statuts, son capital, ses domaines d’activité, ses références en Turquie,
en Afrique et dans le monde. C’est donc un contrat décrit par des sources de
valeur comme ayant un volume de 173 pages reparties en 66 pour le contrat brut
et 107 pour les annexes.
A la veille de la conclusion
juridique dudit contrat, le PAC avait pour défis : l’insuffisance de la
capacité d’accueil des navires (poste à quai) et de stockage des marchandises
(magasins et terre-pleins). Celle aussi des voies de desserte (routes, chemin
de fer) et d’aires de stationnement des camions (parkings). La lenteur dans les
procédures d’enlèvement des marchandises et interférence dans les placements
des navires, la faiblesse des cadences de chargement ou de déchargement des
marchandises due à plusieurs facteurs (organisation des dockers, plage horaire
des mouvements des camions, etc).
Un des deux instructeurs
certifiés par la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement (CNUCED) en Gestion moderne des Ports qui ont porté l’honneur de
la Guinée, en dispensant des cours dans des pays francophones, avait attiré
l’attention du Président de la République Alpha Condé, sur d’éventuelles pistes
de valorisation du PAC. D’abord que l’État assure l’extension de la zone Est
par la société chinoise CHEC avec durée des travaux estimée à 4 ans. Ensuite
que le PAC, à travers un programme d’urgence étendu sur deux ans, en vue de
réhabiliter l’existant, créer de nouvelles infrastructures et acquérir de
nouveaux équipements par ses ressources propres.
Albayrak plus privilègié que le français Bolloré ?
Il est regrettable que faute de débats
francs et constructifs, le Contrat de Albayrak est supposé avoir ignoré
l’existence des textes réglementaires qui régissent les différentes activités
exercées au terminal conventionnel. En ce sens que la mise en concession du
terminal ne doit pas remettre en cause son existence en tant qu’autorité
portuaire (représentant de l’État) dont les missions sont définies par
l’ordonnance n°051 du 17 février 1988. Du coût il semblait important pour
l’État de notifier à Albayrak qu’étant concessionnaire comme la société
Bolloré, elle ne pouvait pas exercer la mission d’autorité portuaire confiée au
PAC qui a, entre autres, pour rôle la régulation effective de toutes les
activités publiques et privées du PAC.
Dossier Mirador