Conjoncture internationale : Trou dans les finances de Bel’Air Mining

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  • 08 mars 2021 09:07

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La société Bel’Air Mining (BAM), filiale guinéenne d’Alufer qui exploite de la bauxite dans la région de Boffa a subi de plein fouet les effets conjugués de la détérioration récente des cours et l’augmentation du fret ainsi que  des restrictions liées à la Covid-19, trois facteurs sur lesquels elle n’a aucune prise.

Conséquences, le conseil d’administration du 3 février 2021 de BAM a annoncé une perte d’environ 70 millions de dollars US de revenus au cours des deux dernières années du fait du fléchissement des cours (comparés aux cours attendus dans l’étude de faisabilité).

Une perte d’environ 70 millions USD

En début 2020, BAM avait enregistré des prix au-delà de 50$/t mais depuis, les prix ont enregistré des baisses de près de 30%. De sorte que ces récentes ventes ont été réalisées à 37 dollars/t, alors que l’étude de faisabilité tablait sur un prix moyen de 52$/t en 2020. BAM a près de 1,2 millions de tonnes d’invendus, chargés sur des navires ou à quai  en Chine ainsi que 5 autres navires qui sont en route vers la Chine. Pire, le volume de bauxite stockée en Chine engendre des frais additionnels de 4,5$ /DMT.

BAM a pris attache avec tous ses clients présents et passés ainsi qu’avec des nouveaux clients potentiels en Chine comme ailleurs, sans pour autant être parvenu à conclure de nouveaux contrats. La société a également pris contact avec plusieurs sociétés de négoce, dont Glencore, Traxys, Trafigura, Concord, Aerospace, Noble, Litasco, Alumeena ainsi que plusieurs négociants chinois. A date, BAM regrette avoir reçu de toutes ces entreprises, une fin de non-recevoir.

BAM peine à trouver des acheteurs

Rappelant qu’en 2019 Chalco était un de ses clients mais que depuis que celle-ci est devenue productrice de la bauxite dans la même région. Désormais Chalco a le volume qui lui assure ses besoins mais ensuite vend les quantités excédentaires sur le marché ouvert. Il est aussi attendu que SPIC suive un cheminement similaire dans les prochains jours.

Dans une telle situation BAM doit choisir entre trois options : Primo, maintenir la production et les exportations au niveau actuel, indépendamment des ventes et des prix. Une telle démarche entrainerait des pertes de 3 à 5 millions $/mois. Secundo, réduire la production de 5,1 millions de tonnes à un niveau moindre, en attendant un retour à des cours plus favorables. Dans la mesure où les coûts fixes de BAM représentent 70% des charges de production. Une telle approche augmenterait considérable le coût de production de la tonne. Cette démarche a été jugée non viable, surtout dans un environnement marqué par un fléchissement des cours. Tertio, suspendre la production à court terme, dans la mesure où la société peine à vendre sa production, tout en préservant les conditions nécessaires à une reprise efficace des activités lorsque les cours repartent à la hausse. Cette option permettrait également de revoir le modèle de la société, en visant une intégration avec un producteur d’alumine ou d’aluminium, afin de réduire son exposition aux variations soudaines des cours de la bauxite.

De la résiliation des contrats des sociétés de transport Djoma et Maliguia 

Dans son plan d’action à court terme, BAM décide que les activités de transport se poursuivront à un rythme réduit en février jusqu’à ce que des stocks de 360 à 400 000 tonnes aient été établis, au port et sur les Roms, en vue du chargement de 2OGV dès la reprise. Et les contrats de sous-traitance dans le transport en faveur des sociétés Djoma et Maliguia seront résiliés.

Vers une réduction du personnel de BAM 

Enfin, pour appuyer le processus de réforme de la société et satisfaire aux exigences règlementaires, BAM relancera la procédure amorcée en novembre 2020 visant la désignation d’un directeur général adjoint, au plus tard le 15 mars prochain. Toutefois, seulement, entre 25 et 30% des 1 700 employés directs dont 96% sont des nationaux, seront maintenus à temps plein. Alors qu’entre 55 et 60% de cet effectif national sera placé en chômage technique et leur contrat de travail suspendu. Pendant cette période, ces contractuels percevront jusqu’à 50% de leur salaire de base. L’effectif du personnel expatrié sera réduit de 80% avec un effet quasi-immédiat. Un petit groupe de travailleurs, entre 10 et 15% de la main-d’œuvre de BAM et Brute, fera l’objet d’une mesure de licenciement économique, dans la mesure où ils occupent des fonctions redondantes. Comme c’est le cas notamment des opérateurs de camions de transport, une activité qui est externalisée. 

Akoumba Diallo

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