C’est la première rencontre entre le chef de l’État et son prédécesseur
depuis le retour de ce dernier le mois dernier après son acquittement des
accusations de crimes contre l’humanité à la CPI. Le rendez-vous entre les deux
figures de la scène politique ivoirienne doit se dérouler au palais
présidentiel en fin d'après-midi ce mardi 27 juillet 2021.
C’est l’événement que tout le
monde attend en Côte d’Ivoire : les retrouvailles entre le gagnant officiel de
la présidentielle 2010, et celui qui déclare encore aujourd’hui que la victoire
lui a été confisquée. Cette rencontre est considérée comme une étape
essentielle au processus de réconciliation nationale, que tous les bords
politiques appellent de leurs vœux.
Dix ans après la terrible crise
post-électorale responsable de plus de 3 000 morts selon les Nations unies,
Alassane Ouattara doit s'entretenir avec Laurent Gbagbo au palais présidentiel
à 17h, heure locale. Jusqu’à présent, les deux hommes ne s’étaient parlé que
discrètement au téléphone au début du mois.
Depuis son retour triomphal le 17
juin dernier, le fondateur du FPI s’est d’abord rendu dans son village natal de
Mama, s’est envolé pour Kinshasa à l’invitation de l’opposant Jean-Pierre Bemba
(son voisin de cellule à la CPI), a dîné avec le président congolais Félix
Tshisekedi, avant de rendre visite à l’ancien chef d’État ivoirien Henri Konan
Bédié, devenu son allié depuis les législatives de mars dernier.
La rencontre entre les deux
présidents Ouattara-Gbagbo fait suite à des déclarations peu amicales issues de
leurs camps respectifs ces derniers jours. Lors de la fête de Tabaski, il y a
une semaine, le chef de l’État appelait à poursuivre la marche vers la
réconciliation. Le lendemain, le gouvernement annonçait une entrevue prochaine
avec son prédécesseur. Depuis, les deux camps sont restés discrets sur ce
rendez-vous, on n’en connait pas le format exact. Il n’est par exemple pas
certain qu’il y ait un tête-à-tête entre les deux hommes.
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Côté pouvoir, on n’a de cesse de
répéter que la rentrée de l’opposant historique en Côte d’Ivoire illustre avant
tout le retour d’un citoyen chez lui. Du côté des partisans de Laurent Gbagbo,
on définit l’entrevue de cet après-midi de « visite de courtoisie dans une éthique
républicaine ». Elle insiste sur la logique d’apaisement de l’ancien chef
d’État. En somme, ces retrouvailles s’inscrivent d’abord dans une logique de
fraternité africaine.
Pour l’instant, aucun détail ne
filtre sur le contenu de l’entretien à venir. Mais ce ne sont pas les sujets
d’ordre politique qui manquent. Au début du mois, Laurent Gbagbo annonçait
vouloir saluer les prisonniers d’opinion de tout bord politique toujours en
détention. La requête, refusée par le ministre de la Justice pour raison de
sécurité, pourrait être remise sur la table.
Il y a aussi la situation
judiciaire de l’opposant, condamné par la justice ivoirienne durant son séjour
à la CPI à vingt ans de prison dans l’affaire dite du « casse de la BCEAO ». Le
président Alassane Ouattara avait déjà laissé entendre qu’une amnistie serait
possible.
Et puis il y a bien sûr l’avenir
politique des deux présidents. On prête au chef de l’État l’intention d’imposer
un âge limite de 75 ans aux candidats à la fonction suprême, qui aurait pour
effet d’éliminer de fait les deux hommes.
Les deux camps s’évertuent en
tout cas à dire que cette première audience joue d’abord en faveur d’une
décrispation du climat politique