L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, de retour au pays depuis juin après près de 10 ans d’absence, lance ce week-end un nouveau parti politique pour « réunir la gauche », avec l’élection présidentielle de 2025 en ligne de mire.
« C’est le grand retour de Laurent Gbagbo sur la scène
politique », assure à l’AFP Justin Koné Katinan, porte-parole de l’ancien chef
de l’Etat. Depuis son arrivée à Abidjan le 17 juin, acquitté par la justice
internationale qui le jugeait pour crimes contre l’humanité dans la sanglante
crise post-électorale de 2010, Laurent Gbabgo n’a pourtant jamais été très loin
de la politique.
Visite chez l’ex-président et ancien rival Henri Konan
Bédié, rencontre de « réconciliation » avec le chef de l’Etat Alassane
Ouattara, rupture consommée avec son ancien Premier ministre Pascal Affi
N’Guessan: il a occupé le paysage politique ivoirien.
« Assumons de faire de la politique », avait-il lancé dès le
10 juillet dernier, lors de sa visite chez M. Bédié.
Le Front populaire ivoirien (FPI), son parti historique
fondé dans la clandestinité en 1982, étant désormais aux mains de M. Affi
N’Guessan, M. Gbagbo a choisi de donner un nouveau souffle à son retour en créant
sa propre formation.
1.600 délégués sont attendus au prestigieux Hotel Ivoire
d’Abidjan pour rédiger le manifeste et les textes de cette nouvelle formation
qui devrait s’appeler « Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire » (PPA-CI).
Dans le nom comme dans le logo – deux mains entrelacées dans
une carte d’Afrique – qui seront proposés dimanche, l’accent est mis sur la dimension
panafricaine du parti. La souveraineté de l’Afrique face aux puissances
occidentales devrait d’ailleurs faire partie des thèmes phares du congrès ce
week-end.
Pas question pour autant de délaisser la politique nationale
en Côte d’Ivoire. Dans l’entourage de l’ancien président, le mot d’ordre est
clair : ce nouveau parti vise à recréer un débat politique dans un pays où
l’opposition est considérablement affaiblie depuis 10 ans.
« Nous voulons constituer un parti d’opposition politique
normal qui apporte une critique. Pour que le débat quitte la violence et
devienne essentiellement politique », clame Justin Koné Katinan.
« On attend de voir si ce sera une opposition réelle ou un
parti en quête du pouvoir. On verra comment ils vont procéder, quel sera leur
programme alternatif », estime l’analyste politique Sylvain N’Guessan.
– Avec Simone Gbagbo
? –
Reste à savoir quelles personnalités politiques ivoiriennes
rejoindront cette plateforme. Une grande partie des cadres et anciens ministres
du FPI vont suivre leur ancien leader dans cette nouvelle aventure, mais
quelques inconnues demeurent.
Simone Gbagbo d’abord. L’ex-Première Dame, dont Laurent
Gbagbo a demandé le divorce à son retour en Côte d’Ivoire envoie des signaux
ces dernières semaines pour faire cavalier seul, à l’image du lancement d’une
plateforme la soutenant.
Charles Blé Goudé, ensuite. L’influent pilier du régime de
Gbagbo (2000-2011), dont il a été le co-accusé à la Haye, est toujours bloqué
aux Pays-Bas depuis son acquittement, faute de passeport, mais entretient le
mystère sur son rôle lors de son retour en Côte d’Ivoire.
« Ceux qui veulent nous rejoindre savent à quoi s’en tenir.
Nous sommes un parti de gauche, et ceux qui s’y retrouvent peuvent venir »,
glisse Justin Koné Katinan.
Le lancement de ce parti, quatre mois après le retour de
Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, est en tout cas une première étape vers la
présidentielle de 2025.
Un projet de l’exécutif visant à limiter l’âge des candidats
à 75 ans pourrait toutefois constituer un obstacle aux ambitions de Laurent
Gbagbo. En 2025, il aura 80 ans.
AFP