Extension du
bénéfice de l’indemnité de logement à l’ensemble des fonctionnaires et agents
de l’Etat; revalorisation de 20 000 FCFA par mois de l’indemnité de logement
pour l’ensemble des fonctionnaires et agents de l’Etat; revalorisation de la
prime mensuelle de transport; revalorisation de l’allocation familiale, de 2500
à 7500 FCFA par enfant et par mois pour tous les fonctionnaires et agents de
l’état; augmentation prévue dans les prochains mois du Salaire minimum
interprofessionnel garanti (Smig); instauration d’une prime exceptionnelle de
fin d’année représentant un 1/3 du salaire indiciaire, payable début janvier de
l’année suivante; et un nouveau statut général de la Fonction Publique qui
devrait voir le jour dans quelques semaines. C’est Noël en plein mois d’août
pour les Ivoiriens!
Dans son costume
cravate sombre, qui tranchait avec le complet et bonnet rouge-blanc du vrai
«petit papa Noël», Alassane Ouattara, n’avait pas moins la hotte chargée qui va
avec, la veille de la célébration du 62e anniversaire de l’accession à la
souveraineté internationale de la Côte d’Ivoire. Les retraités de la fonction
publique comme du privé ont également été mouillés par la pluie des bonnes
nouvelles. Si ceux du public bénéficient d’une hausse de l’allocation familiale
à 5 000 FCFA par enfant et par mois, ceux du privé connaîtront une hausse de 5%
de leur pension. Et toutes ces décisions entrent, en principe, en vigueur dès
ce mois en dehors de la prime exceptionnelle qui elle sera d’actualité en
janvier 2023.
Mais le chemin
sur lequel les Ivoiriens s’étaient amassés et attendaient le plus le «PRADO»,
lisez président ADO, c’est bien celui de la décrispation qui doit conduire au
port de la réconciliation et de la cohésion sociale. Le chef de l’Etat a
répondu présent à ce rendez-vous qu’annonçait la rencontre, ce 14 juillet,
entre l’homme et ses prédécesseurs. A ce stade, Alassane Ouattara a présenté au
peuple, une palette de décrets qu’il a pris et qui vont de la grâce
présidentielle accordée à Laurent Gbagbo (LG), avec le dégel de ses comptes et
le paiement de tous ses arriérés de rente viagère, à la grâce collective à
environ 3000 détenus, en passant par la libération conditionnelle au
contre-amiral Vagba Faussignaux et au commandant Jean-Noël Abehi. Mais loin de
réjouir les bénéficiaires, ces mesures de grâce et libération conditionnelle
ont été plutôt une douche froide pour certains d’entre eux, notamment le
condamné le plus emblématique, Laurent Gbagbo.
En effet,
l’illustre acquitté de la Cour pénale internationale (CPI) et ses nombreux fans
espéraient mieux, soit l’amnistie. Car ils caressent le dessein à peine
dissimulé de relancer pleinement dans la vie politique nationale, notamment la
course aux élections, le président du Parti des peuples africains (PPA-CI). Il
faut dire que le «christ de Mama» malgré son retour triomphal à la maison après
son long exil judiciaire, avait toujours pendu sur sa tête, cette épée de Damoclès
qu’est sa condamnation par contumace à 20 ans de prison pour le fameux casse de
la BCEAO nationale, en pleine crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011.
Certes, ce glaive de la justice ne menace plus Laurent Gbagbo, mais celui-ci ne
retrouve pas non plus la jouissance de son droit d’électeur, encore moins
d’éligibilité. Qui a dit que Alassane Ouattara grand économiste, n’était qu’un
politicien à la petite semaine?
Donc, «c’est
bon, mais c’est pas arrivé», comme le disent les commerçants du marché d’Anono,
non loin de la mosquée de Riviera Golf où Alassane Ouattara accomplit souvent
sa prière musulmane du vendredi. Dans cette logique, faut-il craindre pour la
machine de la décrispation et de la réconciliation nationale avec cette douche
froide prise par le camp Gbagbo? En tout cas, toutes les leçons semblent avoir
été aussitôt tirées par les anciens présidents ivoiriens, Laurent Gbagbo et
Henri Konan Bédié qui ont brillé par leur absence aux festivités organisées à
Yamoussoukro, sur les terres de Félix Houphouët-Boigny, pour marquer le 62e
anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Si le Parti démocratique de
Côte d’Ivoire (PDCI) a produit un communiqué pour justifier, par des «raisons
personnelles», le «boycott» magistral et stratégique opéré par son champion, LG
qui n’a certainement pas encore digéré cette grâce qui ne passe pas, est resté,
pour l’instant muet comme une carpe.
Mais les
Ivoiriens attendent sans doute davantage que le trio de pachydermes inusables
qui a pris en otage, depuis la mort du «Vieux» dont le long règne n’a pas fait
que du bien à la Côte d’Ivoire, s’éclipse enfin pour donner une nouvelle vie et
de nouveaux visages au sommet de la politique sur les berges de la Lagune
Ebrié.
WS