Éditorial : Mamadi Doumbouya ou la stratégie du bunker

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  • 08 août 2022 11:25

  • Politique

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Pressé de toute part pour mener la transition au pas de charge, en vue de céder le pouvoir à un régime civil, démocratiquement élu, le président de la transition vient de faire part de son agacement, par cette démarche, qualifiée de paternaliste par certains observateurs. Le colonel Mamadi Doumbouya, qui a toutefois l’air d'avoir de la suite dans les idées, entend remettre l’ouvrage sur le métier, jusqu’à ce que la Guinée arrive à bout de ses vieux démons. D’où son refus affiché de ne point ‘’accepter qu’un quelconque rythme soit imposé à son gouvernement.’’ De quoi réfréner l’élan de la Cédéao, dont le médiateur est réduit pour le moment à jouer les utilités.

La volonté affichée par le président de la transition, dès sa prise de pouvoir, de faire un pas de côté dans la gestion des affaires de l’État ne semble désormais souffrir d’aucune ambiguïté. Les actes posés dans ce sens, allant de la croisade contre la corruption et les biens mal acquis, à l’épuration du fichier de la fonction publique, sans oublier la remise à flot de l’appareil judiciaire, sont à saluer. Bien que parfois la forme ait quelque peu altéré le fond, dans l’exécution de ces tâches. Au grand dam des victimes de ces réformes, on ne peut plus douloureuses.

Sachant que ce changement de paradigme voulu par les nouvelles autorités ne fera pas que des heureux, et que des résistances, il pourrait en avoir contre le process, le colonel Mamadi Doumbouya entend tout de même garder la tête froide.

En invitant son gouvernement à être focus sur le contenu de la transition et non sur l’aspect calendaire, qui serait ainsi à reléguer au second plan, le colonel prouve encore une fois, que rien ni personne n’entamera, sa détermination à administrer un remède de cheval à son pays, jusqu’à ce qu’il se remettre d’aplomb. Et que cette cure particulière prendra donc le temps que cela nécessitera.

D’où cet appel à ne point céder aux injonctions visant à imposer un quelconque rythme à la junte. Le régime de Conakry tient ainsi à démontrer, qu’il n’est pas du genre à dire Amen à des oukases, qu’on lui imposerait, surtout de l’extérieur. Juste pour faire plaisir à des politiciens qui ne pensent qu’aux prochaines élections.

Comme une réponse du berger à la bergère, ce message du chef de l’État guinéen serait une réplique aux propos du président en exercice de la Cédéao, M. Umaro Sissako Embalo, qui disait récemment, que la junte avait approuvé les 24 mois exigés comme durée de la transition par son institution.

A cette allure, la junte pourrait se fermer comme une huître. En adoptant la stratégie du bunker. Aucune conciliation des positions ne serait en ce moment possible, sur le court terme. C’est le peuple qui pourrait encore trinquer, comme toujours. A moins que la Cédéao ne sache ménager la chèvre et le chou.

 

Mamadou Dian Baldé

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