Côte d’Ivoire : un animateur de TV condamné pour "apologie du viol"

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  • 02 septembre 2021 13:27

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 Yves de M’Bella avait invité dans son émission "La Télé d’ici vacances" du lundi 30 août un ex-violeur, à montrer comment il abusait de ses victimes. L’ex-violeur, Kader Traoré, qui avait été condamné par le passé pour viol et coups et blessures, s’est, quant à lui, vu infliger vingt-quatre mois de prison ferme et 500 000 FCFA (750 euros) pour les mêmes motifs.

Marie Emilienne Adiko de la ligue ivoirienne des droits des femmes, ne comprend cependant pas pourquoi c’est seulement l’animateur qui est sanctionné.

« Avant d’aller jusqu’à l’émission, il y a quand même des phases qui sont respectées. Il y a un script, il y a une validation de sa hiérarchie. Donc aujourd’hui, je pense que Yves de M’Bella, il est mis au-devant. Mais ce n’est pas la seule personne. Mais la chaîne doit sanctionner toutes les autres personnes et je ne parle pas seulement de suspension. Mais de vraies sanctions. Parce que c’est uniquement de cette manière-là, qu’on pourra faire bouger les choses », explique l'activiste des droits de l'homme.

« Une petite victoire »

L’invité de l’animateur qui a fait la simulation de viol a été quant à lui, condamné à vingt-quatre mois d’emprisonnement ferme avec cinq cent mille francs CFA d’amende et interdiction de voyager sur le territoire national.

Même si Benedict Joan de l’ONG "chat-noir" dit ne pas être satisfaite par toutes ces peines, elle soutient en revanche que c’est déjà une petite victoire de leur lutte.

« Ce sont douze mois avec sursis. Donc ces personnes n’écopent pas de peine de prison réelle. Par contre, c’est une avancée. Une avancée dans la lutte des droits des femmes qui sont liés à la culture du viol », estime Benedict Joan.

« Le droit n'a pas été dit »

Tout en condamnant l’émission incriminée, Jean Claude Coulibaly, président de l’Union des journalistes de Côte d’Ivoire, se dit inquiet du non-respect de la loi sur la dépénalisation des délits par voie de presse dans cette affaire. Jean Claude Coulibaly s’étonne cependant qu’on sanctionne l'homme de média et on ne sanctionne pas le média par lequel il a commis sa grosse bévue.

« Ce verdict ne me satisfait pas. Nous pensons que c’est une décision juridique qui ma foi n’est basée sur aucun fondement juridique. Parce que l’acte posé par le confrère est un délit par voie de presse. Il l’a fait dans l’exercice de son métier. Et la loi sur la presse de 2017 est très claire. C’est-à-dire on ne peut pas vraiment condamné par une peine privative de liberté, même si c’est avec sursis, un journaliste ou un homme de média. Nous estimons qu’ici, le droit n’a pas été dit. C’est une jurisprudence qu’on installe. C’est jurisprudence dangereuse. On a voulu plus faire plaisir à une bonne partie de la population qui s’indigne. Et cela c’est à juste titre », déclare Jean Claude Coulibaly.

Cette émission avait immédiatement suscité l’indignation de personnalités, d’anonymes et de victimes de viol qui réclamaient des sanctions contre l’animateur et sa chaîne. Deux jours après, l’indignation ne faiblissait pas et une pétition lancée lundi soir par Désirée Dénéo, secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des droits des femmes, pour dénoncer les faits et réclamer des sanctions, avait récolté hier mercredi plus de 46 500 signatures.

 

La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) avait, dès mardi, suspendu Yves de M’Bella pendant trente jours, de toutes les antennes et télévisions de Côte d’Ivoire. Il a, en outre, été décidé par le comité d’organisation du concours Miss Côte d’Ivoire qui a lieu samedi, qu’il n’animerait pas la soirée comme initialement prévu.

Avec DW

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