«Dans le dessein malsain de
briser la dynamique de la Refondation du Mali, un groupuscule d’officiers et de
sous-officiers anti-progressistes maliens a tenté un coup d’état dans la nuit
du 11 au 12 mai 2022. Ces militaires étaient soutenus par un Etat occidental.
La tentative a été déjouée grâce à la vigilance et au professionnalisme des
Forces de Défense et de Sécurité du Mali». Un communiqué qui vient, trouver
bonne place dans le schéma mis en place par la junte militaire au pouvoir à
Bamako. Il vient rythmer le musellement de la presse et la censure sans état
d’âme de la liberté d’expression par un régime qui non seulement a horreur de
la contradiction mais jette ses contradicteurs en pâture à des militants acquis
à sa cause et qu’il présente comme le peuple.
Cette déclaration, sans être
expert en décryptage politique pue, jusqu’à preuve du contraire, ces montages
grossiers pour justifier par anticipation des dérives planifiées. Ainsi donc,
le colonel double-putschiste a peur du coup d’état! Ignore-t-il les lois
implacables de la nature qui font que le sang appelle le sang et que celui qui
tue par l’épée périra par l’épée? L’adage ne dit-il pas également que le
boucher a peur du couteau? Oui, celui-ci connaît mieux que quiconque,
l’efficacité de la lame à dépecer, même la viande de l’aigle le plus téméraire
du ciel malien.
Mais, venant du pouvoir kaki de
Bamako, ce communiqué est loin d’être un scoop. C’est juste le temps où il
serait exhibé qui faisait encore mystère. Le colonel Assimi Goïta a donc jugé
opportune l’heure de sortir des manches de sa vareuse, ce nouvel alibi pour
diaboliser davantage l’«Etat occidental» qu’il accuse d’avoir soutenu «ses»
putschistes qu’il a fabriqués de toute pièce, en attendant qu’il nous prouve le
contraire. Cet «Etat occidental» n’est que celui que le colonel et ses hommes
de main n’ont de cesse de vouer aux gémonies, depuis que le gouvernement malien
de transition a décidé de se mettre en ménage avec la société de sécurité
privée russe, Wagner pour ne pas la nommer. Nul besoin de se triturer les méninges
pour savoir quel est cet «Etat occidental» que la junte militaire malienne
pointe du doigt, même quand un de ses supporters transis, conquis par le
nationalisme populiste de Assimi Goïta, a mal à la tête!
Et pour préparer les esprits dans
la concrétisation de sa énième frasque, le colonel putschiste, dans sa
déclaration, pousse plus loin, le ridicule qui, visiblement, ne tue pas sur les
berges du Djoliba: «Dans le cadre de l’enquête et de la recherche des complices
impliqués dans ce projet funeste, le Gouvernement de la République du Mali
informe que tous les moyens nécessaires ainsi que les mesures appropriées ont
été déployés, notamment, le renforcement des contrôles aux sorties de la ville
de Bamako et aux postes frontaliers du Mali. En outre, les personnes
interpellées seront mises à la disposition de la justice». Le message est on ne
peut plus clair que les jours à venir qui verront de pauvres «faux putschistes»
brandis comme des trophées de guerre, seront synonymes de purge militaire et de
chasse à l’homme, surtout ressortissant de l’«Etat occidental» .
Il faut compter sur Assimi Goïta
et ses ouailles pour franchir le rubicon, les lubies du colonel étant sans
limites. Les pays voisins qui affichent une fermeté logique contre la volonté
des putschistes maliens de ne pas céder le pouvoir, en tout cas pas dans
l’immédiat, aux civils, sont également prévenus. Le Mali que son gouvernement
militaire vient de retirer du G5 Sahel n’est pas sorti de l’auberge! Comme un
enfant qui pleure parce que son bonbon lui a été retiré pour le punir pour des
bêtises qu’il a faites, Assimi Goïta est en larmes parce que le G5 Sahel
constitué dans la lutte contre le terrorisme par le Mali, le Burkina Faso, la
Mauritanie, le Tchad et le Niger, ne lui a pas accordé la présidence de
l’institution.
Depuis quand un pays qui est banni de la communauté international pour fait de putsch prend-il les commandes d’une organisation régionale ou internationale? Faut-il rire ou pleurer des jérémiades du colonel de Bamako qui pense que son pays, peut vivre en autarcie totale? En attendant peut-être de chercher à installer le Mali sur une autre planète, Assimi Goïta continuera, dans sa lancée suicidaire de retrait, de le sortir peut-être, bientôt, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ou de l’ONU !
WS