Conakry tourne au ralenti depuis lundi. La capitale guinéenne subit une
pénurie d’essence. Vendredi, les stations-services commençaient tout juste à
être livrées mais le réapprovisionnement va prendre du temps.
Dans Conakry, les routes sont
quasiment vides. Et à la station, c’est toujours la même phrase qu’il faut
répéter aux clients : « Il n’y a pas d’essence. On n’a que du gasoil. Mais
ça vient ». Mawa Sylla, la gérante de la station-service rengaine le
pistolet de la pompe à essence, désormais à sec. Elle ne se souvient pas avoir
connu pareille pénurie. Et cela fait 26 ans qu’elle travaille dans le
secteur. « C’était la guerre. On nous a insultés père et mère. Moi,
j’ai été obligée d’appeler les gendarmes et quand ils sont venus, c’était
vraiment bien. Jusque-là, ils sont là pour nous sécuriser »,
raconte-t-elle.
À la Sonap, l’entreprise publique
qui gère depuis quelques mois l’importation des produits pétroliers, le
directeur général se justifie : la dernière livraison a pris du retard à cause
d’un changement de fournisseur et de la lenteur des institutions financières à donner
leur feu vert pour la transaction. Un bateau rempli d’essence est ainsi resté
bloqué plusieurs jours face au port de Conakry, sans pouvoir accoster. Mais la
fin de la galère approche. Vendredi, un bateau a enfin pu décharger sa
cargaison au port de Conakry : « La bonne nouvelle, c’est que c’est venu
maintenant. Donc, je demande à tout le monde de se calmer. Ils vont commencer à
approvisionner », ajoute la gérante.
Mohamed Touré, taxi-moto, a dû se
tourner vers le marché noir : «Le carburant est cher par le marché noir. Certains
vendent un litre à 40 000, à 50 000 ». De 4 à 5,50 euros le litre. Mohamed
a été obligé de gonfler ses propres tarifs, de 50% : « Ce n’est pas
facile, sincèrement. Si cela continue comme ça, on ne peut pas s’en sortir ».
Beaucoup de ses clients ont préféré rester à la maison cette semaine. Dans les
sociétés et les administrations, les bureaux étaient clairsemés.
Matthias Raynal