Le médiateur de la Cédéao pour le Mali, l’ancien président nigérian
Goodluck Jonathan, est arrivé à Bamako jeudi 23 juin dans l'après-midi et est
reparti ce vendredi à la mi-journée. Une énième visite, aussi rapide que
discrète : ni la Cédéao, ni les autorités maliennes de transition n’avaient
souhaité communiquer officiellement sur la venue du médiateur. Qui n’a lui-même
confirmé qu’à la mi-journée, au moment de son départ et sur les réseaux
sociaux, qu’il avait bien rencontré le président de la Transition, le colonel
Assimi Goïta, ainsi que d’autres officiels maliens.
La visite de Goodluck Jonathan à
Bamako est survenue dans la dernière ligne droite avant le sommet du 3 juillet
prochain. Dans neuf jours, les chefs d’États de la Cédéao décideront d’une
éventuelle levée des sanctions économiques et financières qui frappent le Mali
depuis le mois de janvier. Or, beaucoup d’éléments nouveaux sont survenus
depuis le précédent sommet du 4 juin.
Nouvelle loi électorale
Au début de ce mois, le Mali a
unilatéralement prolongé la transition de deux ans –jusqu’à mars 2024-, par décret
présidentiel, sans attendre la fin des négociations, et sans prévenir le
médiateur. Le sujet a forcément été abordé, mais Goodluck Jonathan a réservé au
colonel Assimi Goïta ses commentaires. À l’époque, les chefs d’États de la
Cédéao avaient peu apprécié d’être mis devant le fait accompli, même si cette
option faisait bien partie des pistes envisagées.
Il y a tout juste une semaine, le
Conseil national de transition, qui fait actuellement office d’assemblée
législative, a adopté une nouvelle loi électorale. Celle-ci sera-t-elle perçue
comme une avancée vers l’organisation des futures élections ? Ou comme une
manœuvre, un piège ? La société civile ayant alerté sur la possibilité offerte
au président de transition, le colonel Assimi Goïta, d’être candidat ? En tout
état de cause, le texte attend toujours d’être promulgué : il sera
nécessairement au cœur des discussions, tout comme la création, il y a deux
semaines, d’une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution.
Le gouvernement consulte…
Autre élément à prendre en
compte, le gouvernement commence ce vendredi une consultation des partis
politiques et de la société civile sur le chronogramme des prochaines réformes
institutionnelles et sur celui des futures élections. C’était une demande de la
classe politique, enfin entendue, et une attente de la Cédéao qui veut des
précisions et même des engagements sur le futur calendrier électoral. On ne
sait pas si les points de vue des partis politiques seront réellement pris en
compte, mais c’est une nouvelle ouverture de la part des autorités et un signal
adressé à la Cédéao.
À noter que c’est au ministre de
l’Administration territoriale, l’un des colonels putschistes, que sont confiées
ces consultations. Or, depuis l’arrivée à la Primature de Choguel Maïga,
c’était essentiellement la ministre déléguée auprès du Premier ministre, en
charge des réformes politiques et institutionnelles, Fatoumata Sékou Dicko, qui
se chargeait de ces questions. Certains observateurs estiment qu’il s’agit peut-être,
là aussi, d’un signal.
À son départ, Goodluck Jonathan a
« noté les actions des autorités vers un calendrier électoral viable et les
efforts entrepris pour un retour à l’ordre constitutionnel. » Une formule
lapidaire, encourageante, et qui ne préjuge ni du succès ni de l’échec des
négociations en cours.