Crispation politique : Le gouvernement entre tour de manège et fuite en avant (Éditorial)

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  • 08 mai 2023 09:15

  • Politique

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A quarante-huit heures du top départ des actions de désobéissance civile projetées par les forces vives de Guinée, la psychose gagne la cité. De nombreux citoyens craignent en effet d'être la cible d’émeutes, qui prennent généralement une allure quasi insurrectionnelle dans les quartiers chauds de la capitale. C’est le moment choisi par le gouvernement de transition pour tenter de parer au plus pressé. A travers une opération de déminage lancée in extremis par le Premier ministre, qui feint d’être surpris par la réaction des forces vives. Une simple fuite en avant d’un régime, dont le tour de manège saute aux yeux depuis le début de cette médiation.

Si l’on s’en tient aux menaces proférées par les forces vives, on peut dire sans risque de se tromper que les dés sont jetés. Et que les frondeurs pourraient dérouler leur chronogramme de manifestation, comme annoncé à compter de ce 10 mai. Au grand dam des fauteurs de paix, que sont les muftis. Qui, à cette allure donnent l’impression d’avoir jeté le manche après la cognée. Après l’échec de la médiation.

Il faudra certes continuer à faire appel à la providence, afin de sortir notre pays de cette impasse. Car, tout porte à croire qu’on touche le fond. Avec ce sentiment de malaise qui fermente de plus en plus dans les cœurs de nombreux guinéens. Dont les forces vives sont l’émanation.

Celles-ci ne cessent de dénoncer d’ailleurs, l’avarie dont serait victime le navire de la transition. Et qui à leur avis mériterait d’être corrigé, pour éviter le naufrage. Accusant de facto la junte de n’en faire qu’à sa tête, dans la gestion solitaire du processus de transition.

La récente sortie du colonel Mamadi Doumbouya qui, profitant du dernier conseil des ministres, a appelé son gouvernement à garder la tête dans le guidon, et à ne pas se laisser distraire, donne raison aux détracteurs de la junte.

Cela donne à penser que le pouvoir de Conakry ne reculera pas d’un iota, face aux revendications des forces vives. Malgré les faux-fuyants du Dr Bernard et de Mister Goumou. L’exécutif voulant donner l’impression de sortir des sentiers battus, en évitant de tirer les oreilles aux juges.

Afin que « l’indépendance de la justice », tant clamée à cor et à cri depuis le 5 septembre 2021, ne soit plus un vain mot. Mais que cela puisse se traduire dans les faits. Pour le respect du principe de la séparation des pouvoirs théorisé par Montesquieu, l’un des philosophes des Lumières.

Toutefois, certains observateurs demeurent sceptiques. En arguant que tout ça est plus facile à dire qu'à faire. Quand on sait que nombreux sont nos magistrats qui pèchent par leur esprit carriériste. Ce qui les pousserait à se vendre aux politiques, les doigts sur la couture du pantalon. Le problème de la Guinée serait donc sa justice, comme ne cessent de le clamer de plus en plus d’observateurs.

Donnant ainsi raison à François Hollande, qui disait que « la justice est une institution de lâcheté où l’on joue les vertueux ».

Mamadou Dian Baldé   

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