Aussitôt annoncée aussitôt caduque? En tout cas, le sort de la nouvelle
date rendue publique par les militaires au pouvoir pour la tenue du référendum
sur la nouvelle constitution est menacé. C’est le moins qu’on puisse dire face
au dilemme posé au colonel Assimi Goïta et le front «anti-laïcité» né, suite à
la fixation du 18 juin comme date pour soumettre à la «vox populi» le document
de la nouvelle loi fondamentale sorti des laboratoires de la junte militaire.
L’opposition radicale à ce terme de laïcité et de ses dérivés que la vingtaine
d’associations islamiques, marchant dans les pas de la Ligue des imams du Mali
(Limama) donnera probablement des nuits blanches au pouvoir de transition. En
effet, appelant au retrait, sans autre forme de procès, de ce concept de la
constitution, l’Association des femmes musulmanes, le Club de soutien à l’Imam
Mahmoud Dicko et la Ligue des prédicateurs du Mali et les autres membres de ce
front inédit, menacent de faire échec à son vote en demandant aux populations
de dire NON à la nouvelle loi fondamentale.
Questions: conscient que 90% de
la population malienne est musulmane, pourquoi les scribes du texte ont-ils
préféré ce terme de «laïcité», qui est sorti du dictionnaire du colonisateur,
alors que cette réalité était inconnue des Maliens, tout comme des autres
peuples africains, avant l’arrivée du Blanc sur le continent noir? A moins de
vouloir verser dans la provocation, ne fallait-il pas trouver autre chose dans
ce contexte où le sentiment anti-occidental, nourri dans certains cas par des
dirigeants en quête de populisme, est abondamment servi au peuple? Des
interrogations qui, loin s’en faut, ne sont pas dénuées de pertinence mais ne
donnent pas non plus, absolument, raison aux frondeurs, ce d’autant que des
religions, notamment les deux plus grandes, en l’occurrence l’islam et le
catholicisme, sont importées, tout comme le terme «laïcité» qui est combattu
par les membres du front. Dans tous les cas, pour la rédaction d’un texte aussi
capital qui servira de fondement à l’Etat malien, il est important de manipuler
les concepts avec tact et surtout n’utiliser que ceux qui rencontrent
l’adhésion des destinataires, notamment le peuple.
Tout est fait comme si le retard
accusé dans l’avènement de ce référendum, qui servira de premier pas dans la
marche vers les élections, notamment celle présidentielle qui devra consacrer
le retour d’un pouvoir des civils, arrange un individu ou un groupe de
personnes! Suivez mon regard! Pourtant, la Communauté internationale, à travers
la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), qui a
manifesté des inquiétudes suite au premier report de la date du référendum, a
applaudi des deux mains et des deux pieds, le nouveau calendrier proposé par
gouvernement de la transition malienne. Comme quoi, il faut toujours éviter de
«vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué».
Assimi Goïta et les siens vont-ils abdiquer et procéder à la correction demandée par la Limama et ses affidés, au risque de montrer un signe de faiblesse face à ces groupes de pression qui ont fait leur preuve en matière de mobilisation de la «rue»? Tout refus de la part des militaires, de céder aux injonctions du front anti-laïcité, pourrait bien remettre en cause les nouvelles dates électorales. Et en matière d’élection, les Maliens et la communauté internationale pourront continuer à «attendre Godot».
WS