Comme il fallait s’y attendre, les propos suspicieux du leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg), sur d’éventuelles manœuvres d’infiltration de son parti par l’exécutif, fait des vagues dans le landerneau politique. Provoquant ainsi une atmosphère de suspicion et de méfiance au sein de l’entourage de Cellou Dalein Diallo.
La récente sortie du président de l’Ufdg, alors qu’il était
face à des fédérations venues de la Moyenne Guinée, a alourdi davantage le
climat de psychose qui règne au sein de la principale formation de
l’opposition. Un parti en plein doute et qui semble atteint du syndrome de la
forteresse assiégée. C’est comme si l’Ufdg avait du mal à se remettre des
décombres de la présidentielle du 18 octobre.
A sa décharge, il y a toute cette débauche d’énergie
déployée par le pouvoir pour « tuer » le parti. Voir son parti voler en éclat
par des « coups bas » ourdis par le régime de Conakry, telle est la hantise de
Dalein.
Il ne cache d’ailleurs pas cette obsession. Et c’est ce
qu’il a tenu à partager avec ses cadres et militants, en les invitant à rester
sur le qui-vive. Pour ne pas succomber à la tentation de l’exécutif.
Dans cette foulée, Cellou dit avoir décelé des signaux
d’alerte sur un éventuel changement de stratégie de la part du président. Qui
serait en voie « de miner le parti de l’intérieur en essayant d’utiliser des
militants un peu essoufflés par la lutte et qui ont envie peut-être d’aller à
la soupe ». Pour ne pas dire à la mangeoire.
Il conviendrait de rappeler que la stratégie d’infiltration,
très prisée des révolutionnaires, appelée entrisme, a été inventée par Léon
Trotski. Elle permet d’introduire des éléments à l’intérieur d’une entité, dans
le but d’en prendre le contrôle. Cellou devrait donc intégrer ce type d’épreuve
de force, en tant que politique. Pour parer à toute éventualité.
D’ailleurs, son discours qui alimente l’imaginaire
complotiste ne ferait pas l’unanimité au sein du landerneau. Certains
observateurs pensent en effet que cela ne fera que réveiller les rancœurs au
sein d’un parti en zone de turbulences. De quoi mettre mal à l’aise les quatre
personnalités en liberté provisoire, dont l’engagement aux côtés de Dalein ne
souffre pourtant d’aucune ambiguïté. Jusqu’à preuve du contraire.
En tout état de cause, face aux réserves suscitées par cette
sortie, il serait temps pour le président de l’Ufdg de se ressaisir, pour ne
pas céder aux chants des sirènes complotistes. Au risque de saper le moral des
troupes.
Mamadou Dian Baldé