Face aux critiques qui se cristallisent de plus en plus
autour des opérations de déguerpissement visant les occupants des emprises des
routes, le gouvernement tente de rectifier le tir dans sa stratégie de communication.
Il s’emploie ainsi à souffler le chaud et le froid, en justifiant la mesure par
des soucis de sécurité et de salubrité publique.
Des arguments vaseux brandis par un quatuor ministériel,
sorti du bois, afin de contenir la colère des victimes de ce rouleau
compresseur.
Dans cette croisade digne d’un iconoclaste, le gouvernement
a décidé d’étoffer l’équipe du Dr Ibrahima Kourouma, ministre de la Ville et de
l’aménagement du territoire, maître d’œuvre de ces opérations, par la
cooptation d’un trio ministériel, constitué d’Aboubacar Sylla, de Bouréma Condé
et d’Amara Somparé.
Tous doivent en effet se serrer les coudes pour faire passer
cette pilule amère, sous le vernis du « Gouverner autrement », sorti
tout droit du chapeau présidentiel. Surtout que la communication
gouvernementale n’a plus de secret pour le trio sus-cité.
L’exercice s’avère certes très délicat. Puisqu’il s’agit
encore une fois, de justifier l’injustifiable. Car priver de pauvres
populations de leur gagne-pain, en pleine période de pandémie ne pourrait se
justifier par une simple formule populiste. Alors qu’au même moment des
habitants des pays riches comme les Etats-Unis, se bousculent devant les restos
du cœur.
Chez nous, en lieu et place de tickets alimentaires, ce sont
des pelleteuses qui sont mises en branle pour raser des boutiques et
concessions. Jeter ainsi des citoyens à la rue, pour gonfler le nombre de
chômeurs et accroître la pauvreté ne pourrait relever d’une politique bien
pensée. Bien au contraire.
Quand on sait que la moitié des Guinéens soit les (53%)
vivent en dessous du seuil national de pauvreté qui est de 8 815 GNF
par personne, soit moins de 1 EUR, selon l’Indice de développement humain.
« Gouverner c’est prévoir », comme l’a dit Emile
de Girardin. Il ne sert donc à rien de ruser ou d’improviser.
Depuis 2010, le président aurait dû sortir des sentiers
battus, pour lancer le « Gouverner autrement ». Le navire guinée
aurait déjà atteint sa vitesse de croisière. Mais hélas, on en est encore à
naviguer à vue.
Comme ces opérations de déguerpissement qu’on jure de rendre
cette fois pérennes, mais qui ne sont en réalité qu’un travail de Pénélope.
On n’est pas encore sorti de l’auberge.
Mamadou Dian Baldé