Le médiateur de la Cédéao a bouclé le second round de sa mission, ce dimanche à Conakry, sur une note d’optimisme relatif. Si l’on s’en tient en tout cas à la teneur du communiqué ayant sanctionné ce séjour d’une semaine, qui aura connu un rythme infernal. Au terme de conciliabules qui ont réuni l'essentiel de la classe politique, le médiateur en lieu et place d’injonctions comminatoires, s’est contenté plutôt de recommandations allant dans le sens du renouement du fil du dialogue sociopolitique. La balle est donc désormais dans le camp des frondeurs, conviés à se joindre au cadre de concertation initié par les autorités de la transition.
A force de persévérance, Dr Thomas Yayi Boni a pu briser le
mur de méfiance entre les parties prenantes au processus de transition. En
conviant les uns et les autres à renoncer à la politique de la chaise vide. En
ayant à l’esprit que seul le dialogue pourrait conduire à un dénouement de
cette crise, dont le point de fixation porte sur la durée de la transition.
Pour arriver à ce résultat escompté, le médiateur ‘’exhorte
les partis politiques n’ayant pas encore pris part au cadre de concertation
initié par les autorités, lequel cadre pourrait être actualisé de manière
consensuelle, de le faire afin d’assurer une transition apaisée.’’ Peut-on lire
dans son communiqué.
Un cadre de concertation dont la mise en place a été saluée
au passage par M. Thomas Boni Yayi. Tranchant ainsi avec l’avis des frondeurs,
qui avait chahuté pourtant ledit cadre, affirmant leur préférence pour un cadre
de dialogue.
Donnant lieu à une bataille sémantique à faire perdre son
latin, au plus sagace des linguistes, sur fond de passion. Si le médiateur a
réussi in fine à infléchir la position de l’aile dure des forces vives, par
rapport à cette plateforme de concertation, on ne pourrait que déplorer tout le
temps perdu par ces acteurs à se crêper le chignon, pour des vétilles.
Pour se retrouver à la case de départ. « Tout ça pour ça »,
s’exclament certains observateurs, gênés aux entournures.
En tout état de cause, les prochaines heures nous édifierons
davantage sur l’attitude des frondeurs, face aux recommandations du médiateur.
Qui a précisé dans son communiqué, que ‘’l’objectif pour ce second round de sa
mission était de rencontrer les autorités de la transition et tous les acteurs
sociopolitiques du pays en vue de faciliter l’opérationnalisation d’un cadre de
dialogue inclusif qui devrait permettre le retour à l’ordre constitutionnel’’.
Si Boni Yayi parvient à ramener les opposants à la junte autour de la table au
chausse-pied, il aura réussi un véritable tour de force.
Il conviendrait de rappeler que cela fait plus d’une
décennie que la Guinée sert de terrain de chasse, aux institutions qui tirent
leurs marrons du feu des chienlits qui minent le continent.
Ainsi pour sortir de la transition de 2010, au visa d’un
accord obtenu à l’arrachée, il avait fallu les bons offices du Groupe
international de contact sur la Guinée. Malheureusement, plus d’une décennie
après cet intermède douloureux, nous voilà encore dans le bourbier, par la
faute des vents contraires.
Mamadou Dian Baldé