Condamné en janvier 2021 à cinq ans de prison et 50 millions
de francs suisses d'amende pour corruption d'agents publics dans le dossier des
mines guinéennes des monts Simandou, le magnat israélien âgé de 66 ans entend
obtenir son acquittement lors du procès en appel ce lundi 29 août.
Un jugement de 200 pages et une condamnation à cinq ans de
prison assortie d'une amende de 50 millions de francs suisses. Voilà la
montagne que Beny Steinmetz et ses avocats vont chercher à renverser. Le
milliardaire israélien, un temps présenté comme l'homme le plus riche de son
pays, joue son avenir sur cette affaire, et la bataille s'annonce acharnée.
Face au juge de la chambre d'appel, Catherine Gavin, Benny Steinmetz
a remanié son équipe. Marc Bonnant, qui durant sept ans se sera battu bec et
ongles, s'est retiré au profit de deux ténors du barreau suisse, Maîtres Daniel
Kinzer et Christian Lüscher. Ils vont tenter de démontrer qu'aucun pacte
corruptif n'a eu lieu et que Benny Steinmetz n'a jamais versé d'argent à la
quatrième épouse de Lansana Conté dans le but d'obtenir les blocs miniers des
monts Simandou – ils appartenaient alors au géant australien Rio Tinto. Entre
2006 et 2012, Beny Steinmetz aurait selon l'accusation versé 8,5 millions de
dollars à Mamadie Conté.
Complot
Parallèlement à cette stratégie judiciaire, Beny Steinmetz a
aussi remanié sa communication autour de ce procès. Alors que son ancien avocat
Marc Bonnant limitait ses contacts avec la presse, désormais, plusieurs agences
de communication diffusent un document de quinze pages aux médias du monde
entier, visant à démonter l'argumentaire du tribunal de première instance. Un
document « truffé de sophismes », selon Adrià Budry Carbó, journaliste
d'investigation de l'ONG Public Eye, spécialisé dans les matières premières et
la criminalité financière.
« La défense va, on l'imagine, s'atteler à montrer que ce
n'était pas M. Steinmetz qui pilotait la société, que les apporteurs d'affaires
ont agi en toute indépendance, que leurs revenus étaient justement une preuve
de cette indépendance et que tout s'est passé dans les règles de l'art, prévoit
l'observateur. On nous ressert la thèse du grand complot international qui
serait dirigé contre M. Steinmetz. Or on constate qu'il a des problèmes avec la
justice dans un certain nombre de juridictions. Si complot il y a, il est
étendu et donc on s'attend à ce que la défense amène des preuves de l'existence
de ce complot. »
La chambre pénale d'appel et de révision de Genève aura huit
jours pour déterminer si cette condamnation doit ou non être révisée.
Radio France Internationale
(RFI)