Éditorial : Alpha descend enfin de sa tour d’ivoire

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  • 07 juin 2021 08:43

  • Politique

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Le gouvernement guinéen mise dorénavant sur le nouveau cadre permanent de dialogue pour vider les contentieux avec l’opposition. Toutefois, rien ne garantit que cette fois soit la bonne, avec un exécutif qui a plus d’un tour dans son sac.  

Le Chef de l’Etat a profité du dernier conseil ministériel pour réitérer son engagement, à créer les conditions idoines en faveur de la plateforme de dialogue, dont la mise en œuvre viserait à abjurer le passé.  

Alpha Condé a annoncé dans la foulée, que le « cadre permanent de dialogue est à pied d’œuvre pour répondre à toutes les attentes liées à son mandat et ses missions. »

Et qu’il « se penchera sur toutes les questions d’intérêt national, notamment la problématique des transports, les problèmes de société, d’unité nationale, de consolidation de la paix sociale, de l’Etat de Droit, de la Démocratie. » Dont acte.

A travers cette sortie, le président donne l’impression d’être descendu de sa tour d’ivoire. En clair Alpha se veut désormais le chantre du dialogue politique. Volant ainsi la vedette à son Premier ministre dont relève cette prérogative, en tant que garant du dialogue national. Comme le voudrait la Loi fondamentale.

Sauf que depuis sa nomination en mai 2018, Kassory Fofana s’est illustré par des discours hasardeux et hardcores. Allant jusqu’à affirmer préférer « l’ordre à la loi ». C’est au prix de cette rudesse à l’endroit des opposants que Kassory doit d’ailleurs ses éperons. Car chez Alpha, ce qui compte c’est ce que vous pouvez lui apporter en termes de plus-value politique. 

C’est comme si le Premier ministre avait bien intégré cela à son logiciel. Pour survivre, il faudra aller constamment aux charbons.

Il ne manquait plus que ça dans ce grand capharnaüm, qu’est la Guinée, avec un couple exécutif qui n’arrondit pas les angles.  Car le chef de l’État, tout comme son Premier ministre, sont accusés d’être de mauvaise composition.

 Avec tout ce que cela a engendré comme casus belli électoral, notamment dans le cadre du fameux projet de troisième mandat. Surtout que la facture fut énorme en termes de pertes en vies humaines et dégâts matériels.

Les plaies demeurent d’ailleurs béantes. Et comme pour ne rien arranger, des opposants au troisième mandat ont été cueillis comme de vulgaires malfrats, pour être logés dans des cachots disséminés aux quatre coins du pays. Comme si l’on était dans une sorte de « justice des vainqueurs ».

Après donc toutes ces avanies, comment trouver un modus vivendi ? La question vaut tout son pesant. Étant donné que   l’opposition dit en avoir ras le pompon d’un pouvoir passé maître dans l’art de la tromperie.

C’est comme si Cellou Dalein Diallo, principal opposant au régime n’était pas prêt à passer par perte et profit tous ces morts, dont il égrène les listes à longueur de sorties.

Dans un tel cas de figure, Alpha Condé qui se veut désormais le chantre du dialogue, maintenant que le troisième mandat est en poche, devra se contenter de la présence de l’opposition accommodante, pilotée par Mamadou Sylla. Juste pour le symbole. En attendant que les véritables conditions d’un vrai dialogue ne soient réunies. Sans fioritures ni faux-fuyants.

Mamadou Dian Baldé   

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