Le gouvernement guinéen mise dorénavant sur le nouveau cadre permanent de dialogue pour vider les contentieux avec l’opposition. Toutefois, rien ne garantit que cette fois soit la bonne, avec un exécutif qui a plus d’un tour dans son sac.
Le Chef de
l’Etat a profité du dernier conseil ministériel pour réitérer son engagement, à
créer les conditions idoines en faveur de la plateforme de dialogue, dont la
mise en œuvre viserait à abjurer le passé.
Alpha Condé
a annoncé dans la foulée, que le « cadre permanent de dialogue est à pied
d’œuvre pour répondre à toutes les attentes liées à son mandat et ses missions.
»
Et qu’il «
se penchera sur toutes les questions d’intérêt national, notamment la
problématique des transports, les problèmes de société, d’unité nationale, de
consolidation de la paix sociale, de l’Etat de Droit, de la Démocratie. » Dont
acte.
A travers
cette sortie, le président donne l’impression d’être descendu de sa tour
d’ivoire. En clair Alpha se veut désormais le chantre du dialogue politique.
Volant ainsi la vedette à son Premier ministre dont relève cette prérogative,
en tant que garant du dialogue national. Comme le voudrait la Loi fondamentale.
Sauf que
depuis sa nomination en mai 2018, Kassory Fofana s’est illustré par des
discours hasardeux et hardcores. Allant jusqu’à affirmer préférer « l’ordre à
la loi ». C’est au prix de cette rudesse à l’endroit des opposants que Kassory
doit d’ailleurs ses éperons. Car chez Alpha, ce qui compte c’est ce que vous
pouvez lui apporter en termes de plus-value politique.
C’est comme
si le Premier ministre avait bien intégré cela à son logiciel. Pour survivre,
il faudra aller constamment aux charbons.
Il ne manquait
plus que ça dans ce grand capharnaüm, qu’est la Guinée, avec un couple exécutif
qui n’arrondit pas les angles. Car le
chef de l’État, tout comme son Premier ministre, sont accusés d’être de
mauvaise composition.
Avec tout ce que cela a engendré comme casus
belli électoral, notamment dans le cadre du fameux projet de troisième mandat.
Surtout que la facture fut énorme en termes de pertes en vies humaines et
dégâts matériels.
Les plaies
demeurent d’ailleurs béantes. Et comme pour ne rien arranger, des opposants au
troisième mandat ont été cueillis comme de vulgaires malfrats, pour être logés
dans des cachots disséminés aux quatre coins du pays. Comme si l’on était dans
une sorte de « justice des vainqueurs ».
Après donc
toutes ces avanies, comment trouver un modus vivendi ? La question vaut tout
son pesant. Étant donné que l’opposition
dit en avoir ras le pompon d’un pouvoir passé maître dans l’art de la
tromperie.
C’est comme
si Cellou Dalein Diallo, principal opposant au régime n’était pas prêt à passer
par perte et profit tous ces morts, dont il égrène les listes à longueur de sorties.
Dans un tel
cas de figure, Alpha Condé qui se veut désormais le chantre du dialogue,
maintenant que le troisième mandat est en poche, devra se contenter de la
présence de l’opposition accommodante, pilotée par Mamadou Sylla. Juste pour le
symbole. En attendant que les véritables conditions d’un vrai dialogue ne
soient réunies. Sans fioritures ni faux-fuyants.
Mamadou Dian Baldé