L’ancien commissaire à la CENI, Etienne Soropogui, est détenu avec d’autres cadres de l’UFDG depuis plus de 7 mois à la maison centrale. Le président du mouvement Nos Valeurs Communes a pris le contrepied de ses codétenus, Ousmane Gaoual, Cellou Baldé et Cherif Bah. Il dit croire aux vertus du dialogue mais se dit convaincu que le régime Alpha Condé n’a jamais été sincère dans ce sens.
C’est pour cette raison qu’il invite ses compagnons d’infortune
à « lutter contre la tentative de la prison de vous dépouiller de votre
identité ». A travers une tribune rendue publique ce samedi, 05 juin,
Etienne Soropogui a tressé des lauriers à Cellou Dalein Diallo pour son
intransigeance.
« Je pense comme le président Obama, que notre
démocratie n’est pas une maison que nous devons bâtir, mais un dialogue que
nous devons avoir concernant la nécessité et l’urgence de construire un
consensus intellectuel national autour d’un patrimoine commun de valeurs et de
principes qui fondent notre pacte Républicain.
Donc, personnellement, je crois aux vertus du dialogue et
j’ai la conviction solidement ancrée que le débat, le dialogue et la
concertation sont des déterminants majeurs dans une démocratie parce qu’ils
font partie des composantes qui y sont inscrites dans son ADN. Me rappeler cela
à moi, c’est comme apporter un verre d’eau à la mer.
Il se trouve cependant que nous sommes dans un pays où les
pratiques politiques, portées par des fossiles politiques consistent à penser
que la recette pour gouverner réside dans l’habileté à savoir contourner,
dévoyé et pervertir les valeurs les plus nobles et les plus respectables pour
les mettre au service d’objectifs et d’intérêt cyniques et de recherche
obsessionnelle de dividende politiques.
Sinon, le contexte inadmissible aggravé par la situation
humanitaire catastrophique dans lesquels les élections législatives,
présidentielle et le Référendum se sont tenus auraient pu être perçu et saisi
comme un appel à l’humilité, au compromis et au dialogue.
Mais en lieu et place, ils ont préféré suivre leurs démons
intérieurs en décidant avec haine et mépris de resserrer les VIS de la machine
répressive pour embastiller et tuer des adversaires d’opinions, comprimer et
restreindre leurs libertés de mouvement et de déplacement, les contraindre à
l’exil ou encore maintenir et fermer leurs locaux.
L’objectif visé a été clairement affiché, grossièrement et
fièrement assumé, le plus souvent avec mépris, arrogance et désinvolture. Il
s’agissait de supprimer et de décapiter l’opposition.
En réalité, ils sont surpris, choqués et abasourdis par les
capacités de résilience de l’opposition, notamment celles du Président Cellou
Dalein Diallo, qui a su, en dépit des offenses et affronts doublés des
multiples tentatives d’humiliation, se Réinventer pour montrer fière allure en
restant digne et refusant de plier l’échine et de « ramper » comme
ils s’y attendaient. Il a refusé de jouer et d’endosser le rôle que
l’adversaire avait écrit pour lui.
L’opposition est à féliciter parce qu’elle a su rester
debout en travaillant à faire admettre dans l’opinion publique internationale
que de graves violations des droits humains consécutives à une violation des
normes constitutionnelles est en cours en Guinée. Et qu’il y a urgence à agir.
Nous avons su rendre notre lutte compréhensible et
attractive. Ce qui fait que notre position a pris le dessus au niveau du
tribunal de l’opinion publique internationale.
Je crois qu’il est important de rester concentré sur ces
acquis et refuser de se laisser distraire par des enfarinades dont on est
désormais coutumier en Guinée. Parce qu’il n’y a rien de plus transparent que
l’expression hypocrite d’une volonté à laquelle on ne croit pas.
Les guinéens ne sont plus naïfs, ils comprennent parfaitement
qui détient les clés de cette situation de pourrissement.
Pour ma part et contrairement à la propagande
gouvernementale qui s’acharne à nous présenter comme de dangereux criminels et
des hors la loi, je demeure et reste un prisonnier d’opinion.
Je suis dans cette forteresse non pas à cause de ce que j’ai
fait, mais à cause de mes opinions, à cause de ma conscience.
Le Président Mandela nous enseigne que la prison ne vous
vole pas que votre liberté, elle essaie de vous déposséder de votre identité.
Le défi de tous les jours pour un prisonnier de conscience
est de lutter contre la tentative de la prison de vous dépouiller de votre
identité en réussissant à rester intact à la prison, d’en sortir en étant resté
le même, de conserver et même de renforcer ses convictions. Parce que sous la
pression de l’incarcération, certaines personnes apparaissent très loin en
dessous de ce qu’elles avaient semblé être.
Étienne Soropogui
Président du parti
Nos Valeurs Communes »