Le président Alpha Condé n’est pas prêt de lâcher la bride à son opposition. Son récent discours est révélateur de cette volonté manifeste de maintenir la chape de plomb sur le pays.
Ceux qui s’attendaient
à ce que le cadre permanent de dialogue contribue au dégel du climat politique,
devront se raviser. Car le discours du chef de l’État, à l’occasion de
l’inauguration de la nouvelle voie ferrée construite par le Consortium
SMB-Winning, était plutôt de type manichéen. Ce pas de côté du locataire du
palais Sékhoutouréah a pris son protocole de court.
Alpha comme
à son habitude, s’en est allé sans filtre, dans ses harangues. En menaçant de
faire appliquer la loi contre les fauteurs de troubles. Pour lui, organiser des
manifestations serait se mettre en travers des lois de la république. Et cela
pourrait valoir aux éventuels mis en cause, un séjour carcéral à la Maison
centrale de Coronthie.
De quoi
mettre de l’eau au moulin de l’opposition qui a toujours martelé que c’est
l’exécutif qui cornaquait le pouvoir judiciaire.
Les
contempteurs du régime n’ont d’ailleurs pas raté l’occasion pour affirmer tout
de go, que ce discours est la preuve par mille, que notre justice est sous
tutelle. Ceux qui ne font pas dans la litote diront eux, que « c’est Alpha, la
justice ». Comme aimait se vanter Louis 14, le Roi Soleil, en disant à qui
voulait l’entendre : « c’est moi la justice ».
Cette sortie
du président, qui démontre sa volonté de serrer les boulons, n’est pas de
nature à apaiser le climat politique, déjà assez délétère. Alpha Condé a plutôt
mis les pieds dans le plat de Fodé Bangoura, secrétaire permanent du cadre de
dialogue.
Au moment où
ce dernier est en train de chercher ses marques, pour mieux enfourcher son
char. Pour une mission que nous avions qualifiée auparavant, d’impossible. Et
c’est comme si les faits sont en train de nous donner raison. Car en lieu et
place d’un véritable dialogue, on tendrait juste vers un dialogue de sourds. De
quoi faire perdurer le statut quo ante.
Mamadou Dian Baldé