Ces derniers temps, les diplomates onusiens se succèdent au pas de
charge, au chevet de la Guinée. Preuve que les signes cliniques du mal sont
encore patents. Le dialogue prescrit en tant que remède, censé remettre le
landerneau d’aplomb, s’avère pour le moment anodin.
L’arrivée dans nos murs d’Abdel
Fatau Musah, Directeur de la division Afrique de l'Ouest du département des Affaires
politiques et de consolidation de la paix de l'ONU, il y a quarante-huit heures,
après le récent séjour de Mahamat Saleh ANNADIF, Représentant spécial du
Secrétaire général dans la sous-région, pour une mission de bons offices, auprès
des acteurs de la crise guinéenne témoigne de la volatilité du climat politique
guinéen. La situation pourrait même s’enliser davantage, si jamais l’opposition
venait à recourir de nouveau à la rue, comme le suggère la jeunesse de l’UFDG.
Un scénario fort redouté par le
pouvoir de Conakry. Mais qui, en vérité ne serait qu’un retour du balancier.
Car tout ce pandémonium a été provoqué par le fameux troisième mandat. Ce
mandat considéré comme étant de trop, pour Alpha Condé. Qui, durant sa longue
marche vers les cimes du pouvoir, était le véritable pourfendeur des
tripatouillages constitutionnels. C’est donc au prix du reniement que ce
troisième mandat a été arraché au forceps. Quitte à remettre l’ouvrage sur le
métier, pour plus tard.
Et c’est
ce que tente de faire l’exécutif en ce moment avec ce cadre de dialogue
permanent. Qui malheureusement n’attire pas les acteurs clés du landerneau
politique. Seules les mouches du coche se font alpaguer par Fodé Bangoura. Un
grand brûlé de la politique en mal de copie.
La Communauté internationale qui
suit avec un grand intérêt l’évolution de la situation en Guinée, sait que l’on
n’est pas sorti de l’auberge. Le climat de défiance actuel n’étant pas
favorable à un dialogue inclusif, censé mobilisé toutes les sensibilités. Ignorer
cette triste réalité, serait ne pas avoir les yeux en face des trous, ou
simplement avoir la tête enfouie dans le sable.
Heureusement que M. le Secrétaire
Général des Nations Unies, António Guterres, en homme averti, sait que notre
pays a besoin de remèdes pour se remettre d’aplomb. Il compte y mettre sa
touche, pour éviter un basculement dans de nouvelles violences. D’où ce chassé-croisé
diplomatique à Conakry durant ce mois de juin. Une donne qui est loin de
s’arrêter, tant que notre ciel ne connaîtra pas d’éclaircie.
Ces visites diplomatiques
consistent en effet, à mettre la pression sur les protagonistes de la crise
postélectorale, à privilégier le dialogue. Mais dans le contexte actuel, il
revient au pouvoir de lâcher du lest. On ne peut couper bras et jambes au
principal opposant au régime, en gardant ses principaux lieutenants derrière
les barreaux, et quémander le dialogue.
Il faudrait un minimum de décence
quand même. La balle est donc dans le camp de l’exécutif. Tel serait le message
véhiculé en creux par ces diplomates, durant leur séjour dans nos murs.
Mamadou
Dian Baldé