Ce mois d’avril devrait marquer le début des grandes manœuvres à la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), comme promis par le Procureur Aly Touré. En attendant que la Crief ne lève un coin du voile sur l’ordre de préséance, de ce chassé-croisé judiciaire, l’opinion commence à trépigner d’impatience. Car nombreux sont les Guinéens qui caressent l’espoir de connaître enfin de quoi retourne tous ces scandales financiers, dignes du gentleman-cambrioleur Arsène Lupin.
Les Guinéens attendent avec impatience le démarrage des
procès de la Crief en ce mois d’avril. Il s’agit de procès de grande envergure,
avec plus d’une centaine d’inculpations de hauts fonctionnaires de l’État.
Accusés d’enrichissement illicite et de prise illégale d’intérêts, entre
autres. En usant d’une ingénierie de haut vol, pour camoufler leur forfaiture,
dans la plupart des cas.
De quoi requérir toute la concentration et la sagacité de la
Cour, pour débrouiller les écheveaux tissés par les mis en cause de ces présumés
détournements de deniers publics.
Dans ce rituel ordalistique, le peuple de Guinée pourrait
compter sur M. Aly Touré, l’inexorable et sourcilleux procureur de la Crief. Un
atout maître dans cette guerre contre ces fripons maléfiques, prêts à user de
tous les artifices pour se tirer des griffes de Dame Thémis. Mais ils risquent
d’en avoir pour leur grade. Quand on sait qu’aucun crime n’est parfait.
Pour se faire, le procureur doit y aller bille en tête, avec
la foi du charbonnier. Il en a le bagout et devra se laisser porter par la
vague des intérêts du peuple. Ne surtout céder à aucune pression, qu’elle émane
de l’exécutif ou qu’elle soit de l’ordre social.
Certains observateurs s’attendent à vivre un vrai régal, à
travers ces procès au goût de soap-opéras, aux feuilletons alléchants.
L’impatience ne serait pas seulement du côté de l’opinion, les accusés et leurs
proches rêvent aussi de ce moment fatidique, pour qu’enfin, le droit soit dit.
Pour laver leur honneur, si jamais leur culpabilité n’était pas établie par la
Crief.
Après tout, le vocable « tous pourris », utilisé souvent
pour caricaturer nos élites, ne saurait seoir à tous nos cadres. Même s’ils se
laissent trahir par leur train de vie, qui n’a rien à envier aux nababs du
Golfe persique. De quoi alimenter les soupçons de corruption à leur endroit,
par ces temps qui courent. Surtout que la décennie de règne d’Alpha Condé se
prêtait à de telles pratiques, aussi avilissantes soient elles pour un commis
de l’État.
C’est le lieu d’ailleurs de saluer et d’encourager cette
volonté du colonel Doumbouya, de mettre fin à l’impunité. Ce mal qui gangrène
notre administration publique. Avec l’espoir que l’épouvantail de la Crief,
permettra enfin de réfréner les envies de nos cadres véreux.
Mamadou Dian
Baldé