Tous les regards sont dorénavant rivés vers Accra, la capitale
ghanéenne, où le sommet des chefs d’État de la Communauté économique des États
de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), prévu le 4 juin, devra plancher sur la
transition guinéenne. Cette grand-messe, reportée à maintes reprises, pourrait
être l’ultime occasion pour les têtes couronnées de l’organisation régionale,
de filer une torgnole à la junte guinéenne. A travers une kyrielle de sanctions
dont elle pourrait faire l’objet, pour avoir abusé de la longanimité de
l’institution régionale, qui semble être à bout de patience.
La récente sortie du président
Macky Sall, l’un des mandarins de la Cédéao, dans l’hebdomadaire panafricain
Jeune Afrique, n’aura fait que donner un avant-goût du « funeste »
sort réservé à notre pays, à l’issue du prochain sommet d’Accra. Le président
sénégalais ne fait dans aucune circonlocution, quand il flétrit le comportement
des autorités de la transition. Qui, à son avis auraient franchi le Rubicon, en
adoptant un chronogramme de 36 mois, de façon unilatérale. En faisant le dos
rond, face aux réserves émises par la Cédéao, qui avait suggéré que la
transition soit la plus courte possible.
C’est sans doute pour désarmer
cette défiance faite à son égard que la réunion des chefs d’État entend passer
la soufflante au Conseil national du rassemblement pour le développement
(CNRD).
En attendant de connaître le
régime de ces sanctions brandies par la Cédéao contre la Guinée, certains
soutiens de la transition clament que cela ne cassera pas la patte à un canard.
Des objecteurs pensent cependant que Conakry aurait tout intérêt de se garder
de toute gesticulation guerrière. Pour ne pas davantage aggraver son cas. Face
à un syndicat des chefs d’État qui abhorre les putschistes, considérés comme
une menace pour leurs strapontins.
Cette guerre des tranchées entre l’organisation
régionale, dont le président de la commission, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi
Brou, avait été le premier à porter l’estocade contre le CNRD, et la junte
guinéenne, polarise la tension entre ces deux camps. Tout en déchaînant les
passions entre cédéaophobes et cédéaophiles.
Mamadou Dian Baldé