Sommée de lever le tabou sur son
chronogramme consensuel de gestion de la transition, au risque d’essuyer le
courroux de la Cédéao, la junte serait en train de faire des pieds et des mains
pour passer entre les gouttes des sanctions de l’organisation régionale. Il lui
faut impérativement pour cela, se mettre dans les clous avant le deadline du 25
avril, fixée par l’institution. Mais dans un contexte marqué par une crispation
entre les autorités de la transition et le gratin de la classe politique, cela
s’apparente à chercher la quadrature du cercle. Car, à la main tendue du
ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, l’Anad de
Dalein et l’ancienne majorité présidentielle, ont opté pour le boycott du cadre
de concertation. Renvoyant ainsi Mory Condé dans les cordes.
A 72 heures de l’ultimatum lancé
par la Cédéao, la junte tente de concocter un calendrier, au pas de charge.
Histoire de lever enfin l’équivoque sur les « intentions malveillantes » qu’on
prête au Cnrd, de vouloir s’éterniser au pouvoir, contre la volonté populaire.
Dans cette épreuve contre la montre, les autorités de la transition sont tenues
de bâtir un chronogramme ex nihilo. Vu que l’option du Conseil national de
transition (Cnt), comme cadre pour la conception d’un calendrier consensuel a
été écartée.
C’est dans cette nouvelle
dynamique que Mory Condé a sollicité les contributions des parties prenantes au
processus de transition, relatives à une proposition de chronogramme.
Parmi les structures qui ont
répondu à cet appel, il y a le Fndc qui propose 24 mois. D’autres entités moins
connues du public, comme la Copam, avance 39 mois. Dans ce catalogue
hétéroclite de propositions de calendrier, certaines coalitions politiques auraient
simplement renvoyé la junte à leurs mémos antérieurs. Quitte au Matd de les
potasser, pour remettre ces recommandations au goût du jour. C’est le cas de
l’Anad, qui avait on souvient, défini 15 mois comme étant largement suffisants
pour enjamber la transition.
Cellou Dalein et ses pairs ont
mis l’occasion à profit pour réitérer leur requête relative à la « désignation
d’un facilitateur de la crise guinéenne. Et la mise en place d’un cadre de
dialogue qui permettra de trouver un consensus sur le cadre juridique et
institutionnel, les conditions techniques à réunir pour organiser, dans un
délai raisonnable, des élections inclusives et crédibles ».
Rejetant ainsi le cadre de
concertation lancé récemment par le gouvernement. Lancement lors duquel, le ministre
de l’Administration du territoire et de la décentralisation, avait fixé la fin
de la transition, en 10 étapes. Ce que certaines coalitions balaient d’un
revers de manche.
Certains observateurs pensent que
pour sortir de cette tempête politique, aggravée par la croisade contre les
biens mal acquis et l’opération mains propres, lancée contre les anciens
dignitaires du régime défunt, la junte devrait user d’une main de fer dans un
gant de velours. Et pourquoi pas dévoiler enfin un calendrier à l’attention de
la Cédéao, même en ballon d’essai.
Mamadou Dian Baldé