Éditorial : La junte sur le fil du rasoir

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  • 22 avril 2022 11:22

  • Politique

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Sommée de lever le tabou sur son chronogramme consensuel de gestion de la transition, au risque d’essuyer le courroux de la Cédéao, la junte serait en train de faire des pieds et des mains pour passer entre les gouttes des sanctions de l’organisation régionale. Il lui faut impérativement pour cela, se mettre dans les clous avant le deadline du 25 avril, fixée par l’institution. Mais dans un contexte marqué par une crispation entre les autorités de la transition et le gratin de la classe politique, cela s’apparente à chercher la quadrature du cercle. Car, à la main tendue du ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, l’Anad de Dalein et l’ancienne majorité présidentielle, ont opté pour le boycott du cadre de concertation. Renvoyant ainsi Mory Condé dans les cordes.

A 72 heures de l’ultimatum lancé par la Cédéao, la junte tente de concocter un calendrier, au pas de charge. Histoire de lever enfin l’équivoque sur les « intentions malveillantes » qu’on prête au Cnrd, de vouloir s’éterniser au pouvoir, contre la volonté populaire. Dans cette épreuve contre la montre, les autorités de la transition sont tenues de bâtir un chronogramme ex nihilo. Vu que l’option du Conseil national de transition (Cnt), comme cadre pour la conception d’un calendrier consensuel a été écartée.

C’est dans cette nouvelle dynamique que Mory Condé a sollicité les contributions des parties prenantes au processus de transition, relatives à une proposition de chronogramme.  

Parmi les structures qui ont répondu à cet appel, il y a le Fndc qui propose 24 mois. D’autres entités moins connues du public, comme la Copam, avance 39 mois. Dans ce catalogue hétéroclite de propositions de calendrier, certaines coalitions politiques auraient simplement renvoyé la junte à leurs mémos antérieurs. Quitte au Matd de les potasser, pour remettre ces recommandations au goût du jour. C’est le cas de l’Anad, qui avait on souvient, défini 15 mois comme étant largement suffisants pour enjamber la transition.  

Cellou Dalein et ses pairs ont mis l’occasion à profit pour réitérer leur requête relative à la « désignation d’un facilitateur de la crise guinéenne. Et la mise en place d’un cadre de dialogue qui permettra de trouver un consensus sur le cadre juridique et institutionnel, les conditions techniques à réunir pour organiser, dans un délai raisonnable, des élections inclusives et crédibles ».

Rejetant ainsi le cadre de concertation lancé récemment par le gouvernement. Lancement lors duquel, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, avait fixé la fin de la transition, en 10 étapes. Ce que certaines coalitions balaient d’un revers de manche.

Certains observateurs pensent que pour sortir de cette tempête politique, aggravée par la croisade contre les biens mal acquis et l’opération mains propres, lancée contre les anciens dignitaires du régime défunt, la junte devrait user d’une main de fer dans un gant de velours. Et pourquoi pas dévoiler enfin un calendrier à l’attention de la Cédéao, même en ballon d’essai.

Mamadou Dian Baldé

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