Partagé entre doute et mélancolie, l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) risque de perdre pied, et se désagréger, au mauvais moment. Alors que la chance de vaincre enfin le signe indien de la défaite, est plus que jamais en train de sourire à son président Cellou Dalein Diallo. Celui-là même qui, selon maints observateurs, serait à même de décrocher la timbale, si jamais la présidentielle avait lieu dans des conditions de transparence requises, en l’état. Mais pour réussir ce pari, le président de l’UFDG ne devrait pas dormir sur ses lauriers. Mais plutôt faire preuve d’une vigilance sourcilleuse, en vue de contrer d’éventuelles hémorragies au sein de son mouvement. Quitte à annihiler les velléités de ceux qui s'évertuent à braconner sur ses terres.
A l’ANAD, l’ambiance vire de plus en plus à la soupe à la
grimace. Ainsi, après le départ de l'UPG version Jacques Gbonimy, c’est Kéamou
Bogola Haba, qui détonnerait désormais au sein de cette alliance. Ce trublion
de l’échiquier politique, réputé pour son opiniâtreté, serait en train de
devenir un gros caillou dans la chaussure du président de l’ANAD, susurre-t-on
dans l’entourage de Dalein.
Pour ses prises de position osées, dans un environnement
politique marqué par le système de cour. Où on n’hésite pas à couper les têtes
de ceux qui auraient un avis contraire à la ligne directrice venant du sommet
de la pyramide.
Kéamou Bogola reconnaît d’ailleurs que des divergences
existent entre les autres membres de leur coalition et sa personne, autour de
la gestion de la transition par la junte. Mais que chacun est libre de
considérer le verre à moitié vide ou à moitié plein, selon ses humeurs.
Il appelle toutefois son camp à sortir de ses sautes
d’humeur, et à faire preuve de realpolitik. En rongeant son frein. Pour ne pas
ouvrir une brèche au RPG-arc-en-ciel, dans laquelle l’ancien parti au pouvoir
pourrait s’engouffrer, pour entrer dans les bonnes grâces du CNRD.
Car ce parti, au lieu de raser les murs, après l’humiliation
subie, suite à la chute abrupte de son « champion », tente plutôt de se
réorganiser, sous des dehors affables. Histoire sans doute de faire les yeux
doux à la junte.
Pendant que les partis membres de l’ANAD qui ont souffert le
martyr par la faute du régime défunt,
sont partagés entre le doute et la mélancolie. Convenons-en pourtant que le
moment ne se prête pas au blues, dans ce contre la montre, où la moindre erreur
pourrait profiter à son adversaire. C’est cela aussi la politique.
Mamadou Dian Baldé