Éditorial : Le billard à deux bandes du colonel

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  • 18 avril 2022 10:11

  • Politique

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Entre son clin d’œil à la Crief et son discours décapant vis-à-vis de la classe politique, à la faveur du lancement, aux pieds de plomb, de la plateforme de dialogue inter guinéen, le président de la transition vient de réitérer sa volonté d’avancer sabre au clair contre la gouvernance au fil de l’eau, héritée du régime déchu. A coup sûr, le colonel Mamadi Doumbouya, qu’on sait hardi à l’excès, est décidé à ne ménager ni son temps ni ses efforts, pour porter le fer dans la plaie. 

C’est sans doute pour apporter son soutien aux magistrats de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), objet d’attaques ad personam, par des avocats de certains mis en cause dans des scandales financiers, que le chef de l’État s’y est rendu récemment. Une visite inopinée dont le colonel aura profité pour inviter les magistrats de cette cour, à remplir leur sacerdoce avec abnégation et en toute indépendance. Il fait ainsi coup double, en mettant du baume au cœur des magistrats, qui sont sous les coups de butoir d’une certaine opinion, sensible à l’appel d’air des avocats des présumés bandits à col blanc, mais aussi en rassurant ses compatriotes de sa détermination à n’admettre aucune interférence dans les affaires judiciaires, pendantes devant la Crief.

Cet appel du premier magistrat du pays à l’endroit des juges, constitue un remède roboratif pour la Crief, dont la mission ne fait pas que des heureux. Quand on sait qu’après le pouvoir dictatorial de Sékou Touré, les gouvernances successives se sont illustrées par la concussion et la déprédation de nos ressources, sur fond d’impunité. Voir un président engager une croisade contre la corruption relève donc de l’inédit. Et il a fallu le colonel Doumbouya pour sauter le pas. Quand Alpha Condé se contentait des effets d’annonce.

En plus de la lutte contre le détournement des deniers publics, la récupération des biens de l’État est l’autre paire de manches que le colonel n’entend pas passer par pertes et profits. Et quand il dit qu’ils sont là pour ‘’se taper le sale boulot’’, cela n’a rien d’un euphémisme.

C’est donc sans forfanterie aucune que le chef de la junte a lancé de but en blanc, vendredi dernier, lors de l’ouverture du cadre de concertation, que rien ni personne ne l’empêchera de curer les marécages. Telle est le message que le président a voulu passer, dans ce coup de billard à deux bandes. Qu’on se le tienne donc pour dit.    

Mamadou Dian Baldé

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