Entre son clin d’œil à la Crief et son discours décapant vis-à-vis de
la classe politique, à la faveur du lancement, aux pieds de plomb, de la
plateforme de dialogue inter guinéen, le président de la transition vient de
réitérer sa volonté d’avancer sabre au clair contre la gouvernance au fil de
l’eau, héritée du régime déchu. A coup sûr, le colonel Mamadi Doumbouya, qu’on
sait hardi à l’excès, est décidé à ne ménager ni son temps ni ses efforts, pour
porter le fer dans la plaie.
C’est sans doute pour apporter
son soutien aux magistrats de la Cour de répression des infractions économiques
et financières (Crief), objet d’attaques ad personam, par des avocats de
certains mis en cause dans des scandales financiers, que le chef de l’État s’y
est rendu récemment. Une visite inopinée dont le colonel aura profité pour
inviter les magistrats de cette cour, à remplir leur sacerdoce avec abnégation
et en toute indépendance. Il fait ainsi coup double, en mettant du baume au
cœur des magistrats, qui sont sous les coups de butoir d’une certaine opinion,
sensible à l’appel d’air des avocats des présumés bandits à col blanc, mais
aussi en rassurant ses compatriotes de sa détermination à n’admettre aucune
interférence dans les affaires judiciaires, pendantes devant la Crief.
Cet appel du premier magistrat du
pays à l’endroit des juges, constitue un remède roboratif pour la Crief, dont
la mission ne fait pas que des heureux. Quand on sait qu’après le pouvoir
dictatorial de Sékou Touré, les gouvernances successives se sont illustrées par
la concussion et la déprédation de nos ressources, sur fond d’impunité. Voir un
président engager une croisade contre la corruption relève donc de l’inédit. Et
il a fallu le colonel Doumbouya pour sauter le pas. Quand Alpha Condé se
contentait des effets d’annonce.
En plus de la lutte contre le
détournement des deniers publics, la récupération des biens de l’État est
l’autre paire de manches que le colonel n’entend pas passer par pertes et
profits. Et quand il dit qu’ils sont là pour ‘’se taper le sale boulot’’, cela
n’a rien d’un euphémisme.
C’est donc sans forfanterie
aucune que le chef de la junte a lancé de but en blanc, vendredi dernier, lors
de l’ouverture du cadre de concertation, que rien ni personne ne l’empêchera de
curer les marécages. Telle est le message que le président a voulu passer, dans
ce coup de billard à deux bandes. Qu’on se le tienne donc pour dit.
Mamadou Dian Baldé