Éditorial : Les cols blancs dans les rets de la Crief

blog-details
  • redaction.web@fimguinee.com

  • 26 janvier 2022 12:19

  • Politique

  • 0

Après un léger retard à l’allumage, pour des raisons d’intendance, la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), vient de démarrer ses activités sur les chapeaux de roue. A l’allure où va cette machine infernale, véritable rouleau compresseur à broyer du col blanc indélicat, nombreux sont les anciens dignitaires qui auront du mouron à se faire, mais pas que. Quand on sait que la justice a commencé à potasser des affaires datant de Mathusalem. Ça va simplement swinger dans les prétoires.

L’étau commence à se resserrer autour des dirigeants déchus. C’est le moins qu’on puisse dire, avec l’entrée en piste de la CREI.  Cette botte secrète du président de la Transition, dont on attend assez en termes de lutte contre la corruption. Quand on sait que ce fléau a toujours été le talon d’Achille des régimes précédents.

En effet, tous ont brillé par leur abolie contre ceux qui barbotent dans les ressources de l’État.  Alpha Condé, sur qui de nombreux guinéens avaient fondé leur espoir, en tant que « monsieur mains propres », n’a pas réussi non plus à porter le fer contre le phénomène de déprédation de nos deniers publics.

Pire, la corruption aura même empiré sous son règne. Pour noyer le poisson, le président déchu se contentait de déclarations d’intention voire de discours incantatoires. De quoi conforter les contempteurs du régime, qui accusent Alpha Condé d’avoir sciemment couvert tous les scandales de corruption survenus sous son magistère. Dont certains avaient fait les choux gras des médias locaux. Comme ce présumé détournement de 200 milliards de FG au département de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle. Une affaire qui fut démentie et classée par la justice d’alors. Laissant l’opinion sur sa faim.

Des erreurs de gouvernance que le colonel Doumbouya n’entend pas rééditer. Et dans sa profession de foi, le nouvel homme fort de la Guinée s’est engagé à faire de la justice la boussole de sa gouvernance. Une philosophie politique qui tranche avec le laissez aller des anciennes républiques. Où l’impunité était la règle qui régissait la vie de la cité. La Guinée faisait même figure d’un pandémonium. Cet ancien monde semble dorénavant, loin derrière nous. 

Autres temps, autres mœurs. Ce dicton sied bien au changement de pied en cours dans la gestion de notre pays, depuis l’avènement du Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD) au pouvoir, à la faveur du putsch salvateur du 5 septembre.

Le moment est venu d’adopter les bonnes mœurs politiques, en privilégiant les valeurs d’intégrité, de justice sociale et de moralisation de l’administration. Afin de remettre le pays sur le chemin de la rédemption. C’est dans cet esprit que la CRIEF a été créée, en vue de mettre fin aux effluves nauséabondes de la corruption et de la prévarication. Il est admissible que les Guinéens soient comme Job sur un tas de fumier. Alors que notre pays regorge de ressources incommensurables.

C’est à juste raison que le Premier ministre Mohamed Béavogui a fait cas de son indignation, lors de la prise de fonction récente des membres de la CRIEF, de voir la Guinée endetter jusqu’au valseur. Alors que le pays aurait produit pour l’année 2020, un chiffre d’affaires de 4 milliards de dollars us de chiffre d’affaires. Une manne financière issue de la seule vente de la bauxite, dont on ne retrouverait aucune trace.

De quoi stimuler l’engagement des dix-neuf membres de la CRIEF, à se donner à fond dans leur noble et exaltante mission. Tout en ne perdant pas de vue que le juge tire sa légitimité du peuple. Dans la même veine, le président de la CRIEF Noël Koulémou et le procureur de la Aly Touré ont fait chorus, en promettant que leur main ne tremblera pas, quand il s’agira de confondre les fossoyeurs de notre économie.

En tout état de cause, face à l’ampleur des présumés détournements économiques enregistrés durant la décennie précédente, on peut dire sans risque de se tromper que la CRIEF n’aura pas à se ronger le pouce. Idem pour les tribunaux de première instance du pays, qui sont désormais sur la brèche, depuis la nomination de M. Charles Wright, au poste de procureur général près la Cour d’Appel de Conakry. Ce juge sourcilleux, qui a commencé à potasser des dossiers de crimes économiques et de violations des droits humains, perpétrés depuis Mathusalem. Dans l’espoir de sortir les cadavres des placards.  

 Mamadou Dian Baldé

Laisser un commentaire