Après un léger retard à l’allumage, pour des raisons d’intendance, la
Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), vient de
démarrer ses activités sur les chapeaux de roue. A l’allure où va cette machine
infernale, véritable rouleau compresseur à broyer du col blanc indélicat,
nombreux sont les anciens dignitaires qui auront du mouron à se faire, mais pas
que. Quand on sait que la justice a commencé à potasser des affaires datant de
Mathusalem. Ça va simplement swinger dans les prétoires.
L’étau commence à se resserrer
autour des dirigeants déchus. C’est le moins qu’on puisse dire, avec l’entrée
en piste de la CREI. Cette botte secrète
du président de la Transition, dont on attend assez en termes de lutte contre
la corruption. Quand on sait que ce fléau a toujours été le talon d’Achille des
régimes précédents.
En effet, tous ont brillé par
leur abolie contre ceux qui barbotent dans les ressources de l’État. Alpha Condé, sur qui de nombreux guinéens
avaient fondé leur espoir, en tant que « monsieur mains propres », n’a pas
réussi non plus à porter le fer contre le phénomène de déprédation de nos
deniers publics.
Pire, la corruption aura même
empiré sous son règne. Pour noyer le poisson, le président déchu se contentait
de déclarations d’intention voire de discours incantatoires. De quoi conforter
les contempteurs du régime, qui accusent Alpha Condé d’avoir sciemment couvert
tous les scandales de corruption survenus sous son magistère. Dont certains
avaient fait les choux gras des médias locaux. Comme ce présumé détournement de
200 milliards de FG au département de l’Enseignement technique et de la
formation professionnelle. Une affaire qui fut démentie et classée par la
justice d’alors. Laissant l’opinion sur sa faim.
Des erreurs de gouvernance que le
colonel Doumbouya n’entend pas rééditer. Et dans sa profession de foi, le
nouvel homme fort de la Guinée s’est engagé à faire de la justice la boussole
de sa gouvernance. Une philosophie politique qui tranche avec le laissez aller
des anciennes républiques. Où l’impunité était la règle qui régissait la vie de
la cité. La Guinée faisait même figure d’un pandémonium. Cet ancien monde
semble dorénavant, loin derrière nous.
Autres temps, autres mœurs. Ce
dicton sied bien au changement de pied en cours dans la gestion de notre pays,
depuis l’avènement du Conseil national pour le rassemblement et le
développement (CNRD) au pouvoir, à la faveur du putsch salvateur du 5
septembre.
Le moment est venu d’adopter les
bonnes mœurs politiques, en privilégiant les valeurs d’intégrité, de justice
sociale et de moralisation de l’administration. Afin de remettre le pays sur le
chemin de la rédemption. C’est dans cet esprit que la CRIEF a été créée, en vue
de mettre fin aux effluves nauséabondes de la corruption et de la
prévarication. Il est admissible que les Guinéens soient comme Job sur un tas
de fumier. Alors que notre pays regorge de ressources incommensurables.
C’est à juste raison que le
Premier ministre Mohamed Béavogui a fait cas de son indignation, lors de la
prise de fonction récente des membres de la CRIEF, de voir la Guinée endetter
jusqu’au valseur. Alors que le pays aurait produit pour l’année 2020, un
chiffre d’affaires de 4 milliards de dollars us de chiffre d’affaires. Une
manne financière issue de la seule vente de la bauxite, dont on ne retrouverait
aucune trace.
De quoi stimuler l’engagement des
dix-neuf membres de la CRIEF, à se donner à fond dans leur noble et exaltante
mission. Tout en ne perdant pas de vue que le juge tire sa légitimité du
peuple. Dans la même veine, le président de la CRIEF Noël Koulémou et le
procureur de la Aly Touré ont fait chorus, en promettant que leur main ne
tremblera pas, quand il s’agira de confondre les fossoyeurs de notre économie.
En tout état de cause, face à
l’ampleur des présumés détournements économiques enregistrés durant la décennie
précédente, on peut dire sans risque de se tromper que la CRIEF n’aura pas à se
ronger le pouce. Idem pour les tribunaux de première instance du pays, qui sont
désormais sur la brèche, depuis la nomination de M. Charles Wright, au poste de
procureur général près la Cour d’Appel de Conakry. Ce juge sourcilleux, qui a
commencé à potasser des dossiers de crimes économiques et de violations des
droits humains, perpétrés depuis Mathusalem. Dans l’espoir de sortir les
cadavres des placards.
Mamadou Dian Baldé