La récente prestation du Premier ministre guinéen dans le 20h de TV5 Afrique, a été accueillie avec des réserves par maints observateurs. Qui, de manière quasi unanime, ont trouvé Dr Bernard Goumou peu convaincant, dans cette interview, qui a finalement tourné en un échange à bâtons rompus. Laissant ainsi notre consœur Dominique Tchimbakala de cette chaîne internationale francophone, et les téléspectateurs, sur leur faim.
La sortie du Dr Bernard Goumou samedi dernier dans le JT
Afrique de TV5, a été tout simplement un flop. Donnant ainsi prise à la
critique, d’une opinion de plus en plus remontée contre la junte. Les
détracteurs du gouvernement ne pouvaient rater pareille opportunité pour
exhaler leur colère face à ce bide communicationnel.
En investissant de but en blanc les réseaux sociaux et les
radios privées, pour décocher des sarcasmes contre le chef du gouvernement.
Qui, sur le baromètre de l’opinion publique, s'en tire avec une note en dessous
de la moyenne. Si l’on en juge du moins avec les noms d’oiseaux qui continuent
de lui être donnés depuis cette sortie chaotique.
Le message du Dr Goumou a été en effet noyé dans des
louvoiements.
Sur l’éventualité de l’intervention militaire des forces de
la Cédéao, envisagée contre la junte nigérienne par exemple, le Premier
ministre invoque tantôt ‘’le respect de la souveraineté de chaque pays, tantôt
le concept de panafricanisme’’. Tout en prêchant en faveur d’un dialogue constructif
avec la junte. Dr Bernard Goumou renvoie d’ailleurs notre consœur à la position
des autorités guinéennes, qui se sont rangées aux côtés du peuple nigérien.
Tout cet exercice laborieux ayant pour but de dire que Conakry ne prendra pas
part à cette force d’intervention, en cas d’attaque contre les putschistes
nigériens. Une ligne partagée avec les deux autres juntes de la région, à
savoir celle du Mali et du Burkina Faso. Solidarité de corps oblige sans doute.
Rappelant ainsi cet adage qui dit je cite : « qui se ressemble, s’assemble ».
Sur le volet de la mobilisation de l’enveloppe de 600
millions de dollars us devant servir à financer les différents scrutins devant
mener à un retour des civils au pouvoir, le Premier ministre a saisi l’occasion
pour faire un clin d’œil à la communauté internationale, par le truchement de
la Cédéao. Dont le concours à cette cagnotte s’avère plus que nécessaire, pour
sortir de cette transition qui a l’air de marquer le pas. La Guinée n’ayant pu
à ce jour lever que moins de 50 millions de dollars.
A cette allure, le glissement du chronogramme de la
transition sera inévitable, sans l’appui budgétaire des partenaires bi et
multilatéraux de notre pays.
Pour ce qui est de l’absence prolongée du porte-étendard de
l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, le locataire du palais de la
Colombe s’est tout simplement défaussé sur la justice. C’est le cas d’ailleurs
pour l’éventuel retour au pays de l’ancien président Alpha Condé, pour faire
face à ses démêlées judiciaires.
Dr Goumou affirme sans sourciller, que tout ce qui a trait à
la justice, ne relève pas de son ressort. A chacun donc sa croix.
Le Premier ministre a aussi saisi cette tribune pour
justifier l’interdiction des manifestations par la junte. Une décision motivée
selon lui par le caractère violent et sauvage de ces manifestations, dont le
lot est fait de violence, de viols et d’attaques contre les Forces de défense
et de sécurité (FDS).
Ceux à qui la prestation du Premier ministre a fait dresser
les cheveux sur la tête, qui en ont profité pour demander sa tête au colonel
président, qu’ils se ravisent. Tout en ayant à l’idée que « Toute nation a le
gouvernement qu’elle mérite », comme l’a écrit Joseph de Maistre, philosophe
français. Partant de cet aphorisme, nous dirons que toute nation a le Premier
ministre qu’elle mérite.
Mamadou Dian Diallo