Alors que le pays se trouve en pleine impasse politique, c’est le moment choisi par le Premier ministre Mohamed Béavogui pour s’offrir une « période sabbatique », pour un check-up à Rome, la ville éternelle. Ce voyage du locataire du palais de la colombe aurait pu passer inaperçu, si un décret du président de la République, nommant Bernard Goumou, comme intérimaire n’avait éventé la nouvelle. Donnant lieu à toutes sortes de conjectures sur les motifs de cette absence, qui survient au moment où tous les regards étaient braqués sur la Primature, censée renouer le fil du dialogue avec la classe politique. Toutefois, la thèse d’une dérobade ou d’une mise au ban du locataire du palais de la colombe est retombée comme un soufflé.
Après les folles rumeurs qui ont suivi la nomination de M.
Bernard Goumou, au poste de Premier ministre par intérim, cumulativement à ses
fonctions de ministre du Commerce, de l’industrie et des petites et moyennes
entreprises, on en sait désormais un peu plus sur les raisons qui ont motivé
l’absence de Mohamed Béavogui au pays. Le Premier ministre serait à Rome, en
Italie, pour y effectuer un check up. Comme le voudraient les règles de
bienséance au sein de son institution d’origine, qui est la FIDA. Où l’employé
est soumis à un contrôle médical tous les ans. Et Mohamed Béavogui n’entend pas
déroger à la règle. Comme il le dit lui-même chez africaguinee.com. Coupant
court aux rumeurs complotistes, qui avaient trouvé matière à broder.
Cette version officielle, loin de clore les débats, amène
toutefois à se demander si le Premier ministre n’a pas frôlé le burn out, au
visa de toutes les charges qui lui incombe, à tel point qu’il ne soit obligé de
rejoindre précipitamment la ville éternelle, pour une cure de décompression. La
question vaut son pesant, pour qui connaît la pression, doublée de l’ambiance
de caserne dans lesquelles travaille ce gouvernement de transition. Avec des
arbitrages et études de dossiers nécessitant des privations de sommeil. A cela
il faut greffer le processus de dialogue que le Premier ministre s’est engagé à
relancer. Et qui connaît toujours un retard à l’allumage par le fait de
questions subjectives. Comme pour dire que Béavogui avait besoin de souffler,
pour recharger ses batteries en cours d’épuisement. Quitte au processus de
dialogue de continuer à marquer le pas. Avec en sus l’épouvantail de sanctions
de la Cédéao.
L’autre aspect de ce congé qui intrigue est celui du choix
porté sur l’intérimaire. Car à ce que je sache, il n’y aurait aucune
jurisprudence constitutionnelle en termes d’intérim du Premier ministre
guinéen. Même s’il y a un précédent en la matière avec la nomination du Dr
Mohamed Diané, au poste de Premier ministre par intérim en août 2021. Pour
combler le vide créé à l’époque par l’absence de Kassory Fofana pour « des
raisons de famille ».
Last but not least. Le fait que cet impétrant soit M.
Bernard Goumou, qui vient au 17ème rang protocolaire dans l’organigramme du
gouvernement prend l’opinion de court, et fait tout de même jaser voire
gloser.
Mamadou Dian Baldé