Le président rwandais est dans nos murs depuis la nuit dernière, dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié. Une occasion qui sera mise à profit par le colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement, pour sceller une série d’accords de coopération bilatérale avec Paul Kagamé, dont le pays est devenu un modèle sur le continent, en termes d’innovation disruptive. Ce grand bond en avant a été rendu possible par le génie de cet ancien maquisard, qui en impose de par sa stature imposante et de par sa niaque. De quoi inspirer sans doute la junte guinéenne, dont le chef se verrait pourquoi pas en avatar de Kagamé.
Le Rwanda, ce micro État dont la superficie fait le 1/10ème
de celle de la Guinée, force l’estime des observateurs, y compris les grands
pays du monde. Dont les présidents ne tarissent pas d’éloge à l’endroit de son
président. Qui a su redonner vie à son pays, en faisant du Rwanda une oasis de
prospérité, dans un désert d’instabilité.
Le Rwanda a pu ainsi renaître de ses cendres, après avoir
touché le fond, par les affres d’un génocide qui a décimé une partie de sa
population. Les décomptes officiels font état de 800 mille morts, lors de ce
génocide, le pire, perpétré au 20ème siècle.
En prenant les rênes du pouvoir en l’an 2000, Paul Kagamé a
su allier impératifs de sécurité, dans une région des grands lacs, très
tumultueuse, et le développement économique.
Faisant passer par pertes et profits la sauvegarde des
libertés publiques. Un modèle à la chinoise, qui met le curseur sur la poussée
de croissance économique, au détriment de la démocratie. Une innovation
disruptive dont semblent s’accommoder les Occidentaux. Qui s’invitent à la
table de Kagamé, sans rechigner.
Tout en conviant les milieux d’affaires de leurs pays à
profiter de la sécurité et de l’environnement attractif qu’offre le Rwanda,
pour faire prospérer leur business. Exit donc cette image de dictateur dont on
affuble Paul Kagamé. Qui, il faut le reconnaître n’a pas l’air de disposer
comme livre de chevet, du manuel du parfait démocrate. Il règne sur son pays
avec une main de fer. Et dit à qui veut l’entendre que « l’Afrique n’a pas
besoin de baby-sitters ». Comme pour dire que le continent n’avait pas de leçon
à recevoir de qui que ce soit.
Avec une forte croissance économique de 10 % par an, le
Rwanda a de quoi vendre à un pays comme la Guinée, en termes d'expertise. D’où
les enjeux colossaux qui entourent cette visite d’État. Et Conakry entend en
tirer des dividendes, en termes d’échanges dans des domaines comme les
télécommunications, l’énergie et les mines. Pourquoi pas dans le domaine sanitaire,
avec le volet assainissement et hygiène, dont le Rwanda demeure un
pionnier.
Avant de rallier Conakry, Kagamé a fait escale à Cotonou et
à Bissau, où il a eu des échanges fructueux avec ses homologues de ces pays de
la sous-région. Qui ont aussi forcément besoin de son leadership, comme modèle
pour tirer leurs pays vers le haut. C’est dire que le modèle Kagamé fait tout
simplement des émules.
Mamadou Dian Baldé